« Les détenus du Sud n'ont rien oublié » je n'ai pas également oublié la promesse que j'ai faite, Monsieur Benchenouf. J'espère avoir le talent nécessaire pour montrer qu'avant les camps du Sud il y eut des répétitions générales dès les années 1960. Les persécutions dont je parlerai relèvent de l'inédit: elles concernent la contribution des dignitaires du secteur forestier d'Algérie à la maltraitance des habitants de l'Algérie avec la complicité de ce qui est considéré comme les fleurons de la »presse indépendante » d'Algérie. À tout seigneur tout honneur: mes informations seront d'abord proposées aux dits médias ; comme elles seront systématiquement refusées, je vous les proposerai, Monsieur Benchenouf. J'ignore quel type de rapport vous entretenez avec ces journaux. On n'est jamais assez prudent de toutes les manières : vous pourrez ainsi vérifier, si necessaire, que mes scoops leur ont bien été communiqués avant qu'ils vous parviennent.Voici mon premier texte; il a été expédié ce 5 octobre: quel jour! vers 14h30. »Vous êtes, Madame Tlemçani, l'une des plus anciennes journalistes à El Watan dont je suis un fidèle lecteur depuis sa création. Je suis un ingénieur civil des eaux et forêts et votre journal m'a même accordé l'hospitalité de ses colonnes en 1992-1993. J'interviens depuis quelque temps sur ce site électronique et les préposés à la censure mettent parfois en ligne mes contributions alors qu'ils les suppriment à d'autres occasions sans que je sache sur quels critères ils se fondent pour motiver leurs décisions. Je n'interviens que sur les questions forestières et j'apporte très souvent des informations de première main qui devraient retenir l'attention de votre journal si ma conception du journalisme correspond à la vôtre. J'ai été journaliste bien avant MM. Belhouchet, Belghiche, Berbiche… et je ne veux pas dire par là que ma conception du métier devrait avoir prééminence sur la leur: ce n'est qu'une précision pour situer les choses et les gens dans le temps. Ma génération est celle de Mahieddine Allouache, Boualem Hedroug, Hocine Mezali… pour ne citer que mes anciens collègues encore en vie. J'ai longtemps pensé que les styles Agence Tass et El Moudjahid étaient révolus. Votre réponse éventuelle me permettra de savoir si c'est le cas ou non. Pour terminer, j'aimerais porter à votre connaissance que j'ai enseigné l'aménagement forestier à l'Institut national agronomique d'Algérie durant plus de dix ans. On me dit qu'une de mes anciennes élèves exerce au journal El Watan; si c'est le cas, auriez-vous l'amabilité de m'indiquer le moyen d'entrer en contact avec elle pour qu'elle m'explique ce qui est permis ou non dans l'institution où vous exercez? J'indique enfin que de temps à autre j'adresse au journal El Watan ma »Notice » Forêts d'Afrique sans que je sache ce qu'il en est fait. Lazare Hobarth » Deuxième texte – toujours du 5 octobre 2009 vers 17 heures cette fois. Ce commentaire fait suite , comme le premier , à un article de Mme Tlemçani concernabnt le port dAlger (El Watan du 5 octobre 2009). » C'est le deuxième message que j'adresse à Madame Tlemçani: celui de 14h35 est censuré. Voyons pour celui-ci. Un de vos intervenants écrit ceci: »amar Tou qui veut devenir TOUT est un détrraqué qui ne cesse de surprendre TOUT le monde par ses actes souvent imbéciles : ne sait-il pas attaqué un jour à une pauvre journaliste ?? Dans ce pays, il est grand temps de tourner les tables et de chasser ces démons qui nous habitent ! » Dans ma conception de la déontologie journalistique, il s'agit d'un cas indiscutable d'encouragement du journal El Watan à une initiative délictueuse: soit l'auteur de ce message est un calomniateur soit il s'agit de la divulgation d'un secret médical si réellement Mr Amar Tou présente une déficience mentale.Un deuxième intervenant écrit ceci: »Encore un cancre de ministre qui a chié la fontaine publique pour se faire connaître. Je parie qu'il ne sait même pas gérer la vidange de sa voiture et on lui offre la gestion du port d'Alger » La scatologie ne parait pas rebuter la rédaction d'El Watan. Replaçons donc cette histoire dans son contexte: Un pauvre bougre ne parvenait pas à retenir l'attention des gens de son village; malgré tous ses efforts, nul ne s'intéressait à lui. Un jour il crut avoir trouvé le moyen de sortir de l'anonymat. Il se rendit à la fontaine du village, attendit que les ménagères venues chercher de l'eau s'en approchent, baisse culotte et fit ses besoins au grand scandale des spectatrices. Ce qui ne manqua pas d'arriver arriva: l'information courut de village en village et le quidam qui se morfondait dans son anonymat acquit du coup la célébrité. El Watan considère que cette histoire contribue à la compréhension des difficultés dont souffre le port d'Alger et publie par conséquent ce message jugé instructif.Voyons à présent si ce journal fréquemment cité en référence manifestera la même diligence à mettre en ligne ce scoop: En juillet 1973, les dirigeants du secteur forestier d'Algérie demandent à la Sécurité militaire d'éxecuter à El Kala un ingénieur civil des eaux et forêts qu'ils accusaient de s'être rendu dans cette localité -muni d'un ordre de mission du ministère de l'agriculture faut-il le préciser- pour y provoquer un soulèvement. Les services de sécurité: ANP, gendarmerie, police, placèrent El Kala en état d'alerte durant plusieurs jours. Constatant la »dangerosité » du client qu'on leur demandait de faire passer de vie à trépas – ils durent bien en rire – les services de sécurité, pour leur honneur, ne donnèrent pas suite à ce qui leur avait été demandé. Dépités, les dignitaires du secteur forestier d'Algérie harcelèrent le ministre de l'agriculture d'alors:Mr Tayebi Larbi pour faire incarcérer ledit ingénieur (j'abrège).Mr Tayebi Larbi demande des preuves; on dépêche sur Annaba et El Kala pratiquement toute l'équipe du commissaire Hammadache, alors directeur de la Répression des Fraudes et tortionnaire notoire du temps de la présidence de Mr Ahmed Ben Bella. L'équipe Hammadache revînt à Alger avec un volumineux rapport qu'un agent charitable de l'administration forestière me permît de lire. J'en ai pleuré durant deux heures dans un coin désert du beau café -d'alors- situé sous la maison des étudiants, boulevard colonel Amirouche. Pour faire passer mon chagrin, j'avais demandé à l'un des patrons, Ammar, de remplir mon verre de crème de menthe chaque fois qu'il le voyait vide. Connu comme un bon client de l'établissement, Ammar, à ma satisfaction, respecta à la perfection ma demande. Mr Tayebi Larbi comprit qu'il s'agissait d'une grossière machination: Mr Hammadache m'accusait, dans son rapport, d'avoir par exemple ordonné à des forestiers d'attaquer une banque à Annaba. Cependant la pression de la hiérarchie forestière était si forte que Mr Tayebi Larbi consentit à donner partiellement satisfaction à ses subordonnés en me mutant par mesure disciplinaire à Saida. En 1969 déjà les dignitaires du secteur forestier d'Algérie avaient fait prendre à Mr Tayebi Larbi la décision de m'éloigner à Abadla ( sud de Colomb Bechar) sous l'accusation d'être un agent communiste. Jouant sur la consonance particulière de mon patronyme, ils égarèrent même les services de police qui s'étaient mis durant des mois à la recherche d'un agitateur français avant de découvrir leur méprise. Quelque temps avant que soit prise la décision de ma mutation à Abadla, j'avais exposé au président Houari Boumediène le plan d'intervention forestier qui allait devenir en 1972 ce qu'on appellera Barrage vert. L'échange avec le président Boumediène fut particulièrement éprouvant pour le jeune ingénieur civil des eaux et forêts que j'étais en 1969. Houari Boumediène me traita avec une grande courtoisie mais je dus puiser dans mes ultimes réserves pour répondre à ses questions parfaitement légitimes soit dit en passant. Je parvins à le convaincre et lorsque Mr Abdelmadjid Allahoum lui fit discrètement signe que le temps imparti aux questions forestières était terminé, il se tourna vers ses collaborateurs, leur demandant s'ils avaient des questions à me poser. Comme personne ne souhaitait intervenir, il clotura le débat, qui s'est tenu canton Mezreb el Ali de la forêt domaniale du djebel Senalba Chergui, par ces propos: vous avez tous entendus ce que vient de nous expliquer cet ingénieur; à compter d'aujourd'hui, nous avons une politique forestière. Le plan Barrage vert – le vocable n'était pas encore créé, on ne parlait en 1969 que de »Grands reboisements dans la steppe et l'Atlas saharien » – venait d'être approuvé. Houari Boumediène n'en fit état qu'en 1972 à l'occasion du programme spécial de la wilaya de Saida. Un mot maintenant concernant Houari Boumediène: contrairement à ce qui est souvent colporté, c'est un parfait francophone et au risque de surprendre beaucoup, je me demande s'il n'était pas plus francophone qu'arabophone mais ne chipotons pas: Houari Boumediène était parfaitement bilingue. Effrayés par la tournure des événements, les dignitaires forestiers inventèrent l'histoire de »l'agitateur communiste » à un moment où les gens réputés d'extrême gauche étaient encore persécutés: emprisonnés ou mis en résidence surveillée dans le sud algérien. À aucun moment de mon existence je n'ai milité dans une organisation politique; c'est l'une de mes fiertés mais je ne la dois qu'à la providence. Ma fierté également est de n'avoir été durant la période 1954-1962 ni un combattant du FLN, ni un harki, ni même un conscrit du contingent. Mon existence s'est limitée à être un écolier, un collégien, un étudiant, un forestier. De 1965 à ce jour d'octobre 2009, je n'ai été que forestier; je demande à la providence de me faire mourir forestier. Mais trêve de sensiblerie car les larmes troublent mon regard et perturbent la rédaction de ce texte. Ce n'est pas bien méchant: nul ne m'observe, je suis seul face à l'écran de cette machine si pratique et dont je n'ai utilisé le clavier qu'à 66 ans. Je reviens à présent à l'affaire de juillet 1973 à El Kala. Je m'adresse à nouveau à Mme Salima Tlemçani: Mr Rafik Baba Ahmed qui se fait également appeler Slim Sadki est le correspondant d'El Watan à El Kala; il est également un responsable de la recherche forestière au niveau de l'Est algérien; je dirais de lui aussi que c'est un dignitaire du secteur forestier. Peut-il confirmer ou démentir ce que j'ai écrit? Imaginons qu'il allègue que cette histoire ne lui rappelle rien, qu'il n'en a jamais entendu parler…lui est-il possible de recueillir le témoignage de Mr Baghdadi, gérant de l'hôtel El Mordjane – longuement interrogé et menacé par le commissaire Hammadache? Si El Watan et Mr Slim Sadki refusent cette enquête journalistique – qui pourrait vider un abcès considérable qui compr omet gravement le devenir du secteur sylvestre d'Algérie – dois-je considérer déjà qu'il existe une complicité dommageable entre El Watan et les dignitaires du secteur forestier d'Algérie ou faut-il attendre encore 36 ans pour le faire? Peut-être vous souvenez-vous Mme Tlemçani, qu'en 1998, considérant que d'importants correctifs devaient être faits à une information d'El Watan, j'avais, dans l'affolement, insisté pour avoir un entretien téléphonique avec un membre de la rédaction d'El Watan. Ma communication téléphonique vous avait été transférée et nous avions conclu que la personne à même de traiter la question était Mr Rafik Baba Ahmed qui allait , selon vos dires, me rappeler incessamment. J'attends depuis 11 ans. Lazare Hobarth » J'ai relu mes textes Monsieur Benchenouf, le style n'est pas fameux mais il y n'y a pas d'erreur dans la narration -abrégée- des faits. Pour le style, la syntaxe, nous verrons plus tard. Il me reste par conséquent quelques réglages à faire avec le quotidien El Watan avant de reprendre l'histoire des affaires Chaoui, Bérini, Belhamel, Saadi et d'autres encore. Mais déjà le Sud et la manipulation des services de sécurité commencent à poindre.