Viennent de paraître chez Alger-Livres Editions Quand la liberté s'éveille et Le blanc et le noir en noir et blanc, deux petites plaquettes de poèmes du poète algérien d'expression française Kacem Issad. Dans le premier recueil, Quand la liberté s'éveille, le poème intitulé «Des fraises et des mangues» donne lieu au frétillement des phantasmes de la passion amoureuse du poète, que celui-ci décrit avec de belles et puissantes images érotiques très évocatrices : Ses lèvres rouges comme une fraise Qu'à être mordues elles attendent Sur le lit chaud et brûlant des secondes Imbibé d'un jus d'amour. Impatiente, Oui, elle l'est Pour que je joue ma symphonie Sur les touches de son corps diapré Afin que ses seins mangues se dressent Comme un chat aux aguets. Dans une autre pièce du même recueil, «Mon crime à moi», Kacem Issad laisse éclater la rage impénitente qui couve dans ses entrailles, long cri de colère dans l'éclat d'une culpabilité bien plaidée : On m'accuse d'un crime Que j'ai moi-même commis Celui de penser ! C'est mon crime C'est ma cime Ni sang / Ni corps Mais des lettres De A à Z Qui démolissent les inviolables Enfouissent les mythes Et dressent un échafaud Pour des crânes à moitié vides. Le second recueil – Le blanc et le noir en noir et blanc – s'affirme dans la même veine poétique, avec toujours les mêmes accents et les mêmes résonances. Les mêmes thèmes aussi, les mêmes préoccupations, avec, comme de bien entendu, l'amour pour dominante inévitable, ce qui est le propre de la poésie sous toutes les latitudes. Dans un très bref poème, «Dis-lui» , le poète épanche la passion, les déchirements et les faiblesses de son cœur meurtri : Cette fleur Qui s'offre A toi, Dis-lui de te lire Le roman de mon amour Dis-lui de te parler De mon âme qui se déchire Dis-lui de te murmurer Mes pleurs. Dis-lui de te raconter Mes déboires Dis-lui de t'écrire Mes désillusions Dis-lui de mettre Mon cœur sur le tien. Dans un très bref poème, «L'amour», le poète s'adresse à lui-même dans un murmure : Prends avec tes yeux son corps velouté Mets-le dans ton cœur lourd pour le sucrer Arrose-le de ta passion Et tu verras fleurir l'amour Qui éclairera ton chemin. Cette pièce du recueil illustre bien la sûreté et la finesse du jugement du regretté poète et romancier Abderrahmane Zakad (1938-2016) qui a fait remarquer : «Les poèmes de Kacem Issad me font penser au haïku japonais, petit poème extrêmement bref visant à dire l'évanescence des choses. (...) Les poèmes que nous présente Kacem Issad dans ce recueil peuvent être chantés, déclamés ou encore, traduits en kabyle, servir aux femmes des montagnes pour lancer leur achewik.» Originaire du village des Aït-Abbas (Ouacifs, wilaya de Tizi-Ouzou), Kacem Issad est né en 1975 à Oran. Après des études en économie, il travaille au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc, Oran). Il occupe aujourd'hui un poste de cadre supérieur dans le secteur bancaire public. Passionné de littérature, de poésie et d'histoire, esprit curieux de tout, c'est, avoue-t-il, à son grand-père paternel qu'il doit sa passion pour la littérature et la poésie. L'auteur a déjà publié trois ouvrages en France, chez Edilivre (Paris) : un recueil de poésies intitulé Tout simplement, Moi (2013), et deux pamphlets (2015) : Réveillez-vous, de grâce et Je subis, mais je n'accepte pas. La poésie de Kacem Issad est une poésie d'amour et de passion, de révolte et de rage, mais aussi d'espoir, un espace qui transcende tous les pessimismes. Et le poète a encore du chemin devant lui. Pour affiner sa poésie et lui donner plus de maturité et de plénitude. Kader B.