Le marathon de l'Aïd el-Fitr bat son plein. Et cette semaine marquera le pic de l'activité du shopping des Algériens pour cette fête, favorite des enfants. Et même si les parents se sont pris à temps cette année, préférant commencer leurs courses bien avant le mois de Ramadhan, les retardataires, contraints de laisser cela à la dernière minute, sont toujours plus nombreux. Samira Azzegag - Alger (Le Soir) - Les consommateurs continueront à se ruer sur les magasins d'habillement jusqu'à la veille de l'Aïd el-Fitr, pour effectuer leurs achats. Les boutiques des marques étrangères franchisées comme Okaïdi, Zara, Tape-à-l'œil, Kiabi, Orchestra,... ne désemplissent pas. Et en dépit du pouvoir d'achat qui a largement baissé, les Algériens dépensent sans compter pour cette occasion exceptionnelle de l'année. Le plus important est de bien saper leur progéniture. Cependant, une augmentation significative a été ressentie cette année, en raison de la dévaluation du dinar, mais aussi de la rupture de l'activité d'importation, due «aux nouvelles restrictions douanières», selon de nombreux importateurs, qui tentent tant bien que mal de s'adapter aux changements capricieux du marché. Heureusement que les marques franchisées sont donc venues à la rescousse. Les ménagères y trouvent leurs comptes. Certes, les tarifs restent loin de leur portée, mais au moins la qualité y est. Les labels étrangers ont réussi à fidéliser une large clientèle, à cause des actions promotionnelles lancées deux à trois fois par an, en plus des périodes de soldes, ainsi que le grand choix qu'ils offrent, même avec un léger décalage du timing. En effet, dans les boutiques Okaïdi, la marque française de vêtements pour enfants de 0 à 14 ans, installée depuis plusieurs années en Algérie, ne voit arriver une partie de sa nouvelle collection printemps-été qu'à la fin du mois de mai. Cependant, une grande partie de la marchandise est restée bloquée au niveau des douanes, selon certaines indiscrétions. Le même constat chez Kiabi ou encore Tape-à-l'œil qui annoncent de nouvelles livraisons depuis deux semaines. «La marchandise arrive, mais en petites quantités. Il n'y a pas de quoi satisfaire la forte demande du marché», commente un des vendeurs chez Okaïdi. Les consommateurs, dont le pouvoir d'achat a largement baissé, ont préféré étaler pour moins sentir les dépenses. «J'ai étalé mes courses sur deux mois, pour pouvoir offrir à mes trois filles des articles de chez Zara et Okaïdi», témoigne Leïla, maman de trois petites filles, qui préfère miser sur la qualité. Rabah, père de quatre enfants, trouve, par contre, que les «bonnes affaires» se trouvent dans les marchés populaires de Bab-el-Oued, place des Martyrs ou encore au marché de Meissonier. «Je trouve aussi des articles de qualité, mais à des prix raisonnables. Je ne vais pas mettre tout mon salaire dans l'achat des fringues, alors qu'il y a d'autres factures à payer», explique-t-il. C'est aussi la période où les importateurs cartonnent. C'est pour cela qu'ils programment l'arrivée de leurs marchandises durant le mois de Ramadhan, et ce, en dépit des nouvelles lois défavorables. Rappelons que les vêtements figurent également sur la liste des produits interdits ou soumis à des autorisations d'importation établies par les services du ministère du Commerce. Et même si la loi n'a pas été encore adoptée, de nouvelles mesures sont imposées, causant une tension chez les importateurs et les consommateurs, ce qui a créé un environnement favorable aux spéculations et aux surenchères. Une loi difficile à appliquer, selon Boulenouar El Hadj Tahar, président de l'Association nationale des commerçants et des artisans (Anca), vu que la production nationale du textile ne couvre que 20% de la demande du marché local. Actuellement, le produit textile de provenance d'Asie couvre 30% de la demande, la marchandise turque à hauteur de 20% et les produits d'origine européenne sont à uniquement 10%. Selon le président d'Anca, cette loi ne sera jamais adoptée pour deux raisons. Il s'agit de la dévaluation du dinar et la production nationale presque inexistante. S. A.