Deux semaines après avoir livré le contenu de ses délibérations suite à la mission effectuée à Alger dans le cadre des consultations qu'il mène chez ses membres, conformément à l'article IV de ses statuts, le FMI a rendu publique une note, comme il l'appelle dans son jargon, sur la situation économique de l'Algérie. Une sorte de rapport complémentaire sur l'état, qu'il juge globalement peu enthousiasmant, de l'économie nationale. L'institution de Bretton Woods constate que le déficit budgétaire, de 13.5% du PIB en 2016, est passé à 8.8% en 2017 et devrait s'établir à 9% en 2018 alors que la balance des paiements, qui a accusé un déficit de 12,9% en 2017, se situera aux environs des 10% à la fin de cette année. Au titre des rappels statistiques également, le PIB réel est passé de 3,3% en 2016 à 1,6% en 2017 en raison de la contraction de la production des hydrocarbures (-3 %) due à la baisse des quotas édictée par l'Opep conjuguée à une faible demande extérieure en gaz en provenance d'Europe. Indicateur incontournable : la croissance du PIB réelle. Elle devrait baisser à 3% cette année et poursuivra sa chute pour atteindre 2,7% à la fin de l'année prochaine. Hors hydrocarbures, la croissance du PIB devrait passer de 2.6% en 2017 à 3.4% à la fin de l'année en cours puis 2,9% en 2019. En gros pour le FMI, les déficits budgétaires et de la balance des paiements de l'Algérie, bien qu'en diminution et malgré un important assainissement budgétaire, demeurent à un niveau élevé. Des ajustements budgétaires ont certes été menés mais dans une proportion moindre que prévu, a constaté le FMI. La note publiée mercredi en fin d'après-midi reprend à son compte l'état des indicateurs sur lesquels s'est axé le rapport publié le 1er juin au titre des délibérations après la mission effectuée à Alger, rappelant ainsi la contraction des réserves de change après une chute de 17 milliards de dollars pour afficher à fin 2017 un solde de 96 milliards de dollars. Cela constitue, toutefois, un bon matelas pour assurer les besoins d'importations du pays, selon l'institution de Bretton Woods. Des chiffres de l'emploi, le FMI a relevé une progression du chômage de 10,5% en 2016 à 12,3% une année plus tard, avec une notable proportion de 28,3% chez les jeunes et 20,7% chez les femmes. Tel qu'il a été relevé déjà dans le rapport rendu public il y a deux semaines, l'inflation moyenne a diminué de 6,4% en 2016 à 5,6% en 2017 avant de remonter pour atteindre 7,4% en 2018 et devrait se situer à 7,6% en 2019. Puis, reprenant les chiffres de la Conférence des Nations-Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) publiés la semaine dernière, le FMI relève que les investissements directs étrangers (IDE) ont représenté 1% du PIB en 2016 pour ensuite diminuer à 0,7% en 2017 et finalement se maintenir à 0,8% cette année et en 2019. Des indicateurs qui n'inspirent pas à l'emballement au FMI qui ne lâche pas l'Algérie au sujet du recours à la planche à billets malgré les assurances des autorités du pays de contenir les effets inflationnistes en stérilisant les liquidités injectées dans le circuit monétaire. Le ton du rapport du FMI n'a rien d'euphorique mais, d'un autre côté, en prenant en compte le retour des cours du pétrole à des niveaux rassurants, des réserves de change d'un niveau plutôt incitant à l'aisance, une dette publique maîtrisée au moment où l'endettement extérieur est depuis plusieurs années insignifiant, cela donne une bonne marge de manœuvre aux autorités du pays, surtout si celles-ci se décident à réviser l'option du recours au financement non conventionnel, dans la perspective de la poursuite des réformes structurelles promises, avec une effective implication du secteur privé, même si jusqu'à maintenant, elles sont allées à un rythme laborieux si l'on suit les conclusions du FMI. Az. Maktour