Profitant d'une mer calme en ce début de saison estivale, soixante-treize candidats à l'émigration clandestine, dont plusieurs mineurs ont été interceptés par les gardes-côtes de la station maritime de Annaba, relevant de la Ve région militaire, durant les deux journées du week-end dernier, au large des côtes annabies. Dès la journée de jeudi, les gardes-côtes ont mis en échec les tentatives de 60 harragas, âgés de 15 à 50 ans, ayant pris la mer à partir des plages de Sidi Salem, commune d'El Bouni, Oued Bagrat et Aïn Barbar, commune de Seraïdi. Originaires des wilayas limitrophes de celle de Annaba, telles Souk Ahras, Guelma et El Tarf mais aussi du centre-est et du centre du pays à l'exemple de M'sila, Bordj-Bou-Arreridj, Alger et Blida, les 60 harragas étaient entassés dans quatre barques traditionnelles avec moteurs de 40 chevaux. La cinquième tentative avortée par les policiers de la mer a eu lieu dans la matinée de ce dernier vendredi. Elle comprenait treize jeunes âgés de 17 à 35 ans venant de plusieurs wilayas du pays. Ayant eu vent d'arrivées ces derniers temps de plusieurs jeunes sains et saufs sur les côtes sud italiennes, la quasi-majorité de ceux interceptés ce week-end voulaient suivre leur exemple et atteindre les côtes sardes (Italie) à la recherche, selon eux, d'une vie meilleure. Sauf que des dizaines parmi ceux qui avaient tenté l'aventure auparavant n'ont jamais atteint la Sardaigne. Il y a ceux disparus depuis des années dont les parents, éplorés et inconsolables, sont toujours à leur recherche pour faire leur deuil. Mais il y a aussi ceux, à la fleur de l'âge, dont les corps ont été rejetés par la mer loin de leurs wilayas d'origine. Le phénomène de l'émigration clandestine qui prend des proportions alarmantes ces dernières années, n'a pas totalement pour cause des raisons économiques. «Sa criminalisation n'a pas eu les effets escomptés. Il doit en principe réveiller les consciences des autorités et des élus pour traiter ses origines à la base et permettre aux jeunes algériens de vivre leur vie en harmonie, loin des idées rétrogrades de ceux qui préconisent aux jeunes de vivre une vie d'ascète», estime-t-on dans les milieux juvéniles de Annaba, mais certainement dans d'autres régions du pays. Pour rappel, il y a moins d'une semaine, profitant des fêtes de l'Aïd el-Fitr, trois embarcations de fortune ayant à bord 32 candidats à l'émigration clandestine ont été interceptées aux premières heures de la journée de ce dernier dimanche par les gardes-côtes de la station maritime de Annaba, à une dizaine de milles de Ras-El-Hamra. Ainsi, quelque 105 harragas ont été interceptés mais le nombre de ceux qui ont atteint les rives sud de la Sardaigne (Italie) reste aussi élevé, selon des parents des harragas, informés par leurs enfants de leur «réussite». A. Bouacha