Le président du MPA (Mouvement populaire algérien) n'a pas été tendre à l'encontre de son homologue du FLN qui, mardi dernier, l'accusait de traîtrise après son entrevue avec le président du MSP. «Qui a trahi l'Algérie ? Qui a trahi l'ANP ? Qui a discuté avec le FIS et le GIA ? Qui a été à Sant'Egidio ?» s'est, en effet, emporté Amara Benyounès lors d'une discussion autour des derniers développements intervenus sur la scène nationale, notamment la question de la prochaine présidentielle et les accusations gravissimes que lui a portées Djamel Ould-Abbès. «Me concernant, je n'ai pas eu à discuter ni avec le FIS, encore moins avec le GIA», a ajouté notre interlocuteur qui n'a pas manqué d'aborder le «côté personnel» que véhicule l'accusation du patron du FLN. «Que les gens aillent dans nos patelins respectifs et sauront nos relations avec l'histoire du pays. Qu'ils aillent à Aït-Yahia, sur les hauteurs du Djurdjura, et sauront qui est la famille Benyounès. Notamment mon défunt père, mort en chahid, et mon grand frère qui était responsable de la Fédération de France du FLN.» Comme touché profondément pas les accusations que lui a portées son homologue de l'ex-parti unique, l'ex-ministre du Commerce et de l'Industrie a préféré une réplique plus politique. C'est ainsi que Benyounès affirme que le patron du FLN semble «oublier ou feint d'oublier que l'ex-parti unique a été ensemble avec le MSP au sein de la défunte Alliance présidentielle durant presque vingt ans et maintenant que je rencontre le président de ce mouvement, il crie à la trahison». «C'est Bouteflika qui soutient le FLN» Et d'aller au fond de ce qui semble son véritable réquisitoire contre le secrétaire général du FLN. «Contrairement à ce que Ould-Abbès affirme à tout bout de champ, ce n'est pas le FLN qui soutient Bouteflika mais bel et bien le contraire puisque c'est ce dernier qui soutient le FLN. Vous pouvez le vérifier. Rappelez-vous du discours du candidat Bouteflika à Tizi-Ouzou lors de l'élection présidentielle de 2004 quand il avait affirmé qu'il avait trouvé, en 1999, un parti FLN infréquentable et que c'était lui qui lui avait redoré son blason. Rappelez-vous également de l'autre discours du Président, celui tenu à Sétif l'avant-veille des élections législatives de mai 2012 quand il avait affiché publiquement ses convictions partisanes. Ce qui a fait que le FLN avait bénéficié d'un vote massif à l'occasion de ces élections», affirme le président du MPA pour qui «si le Président cesse d'apporter son soutien au FLN, vous verrez ce qu'il adviendra de ce parti». Et à Benyounès de porter l'estocade à Ould-Abbès qu'il accuse tout simplement de «porter préjudice au président de la République» au gré de ses sorties publiques et d'être contre la politique de réconciliation nationale chère au président de la République». «Ould-Abbès est contre tout le monde, contre l'opposition, contre les partis du pouvoir, il est en confrontation dans son propre parti et contre lui-même alors que le propre de tout parti, ce qui est le cas du MPA, soutient son président, travailler dans le sens de rassembler le maximum et ne pas jouer à la division comme s'y attelle le secrétaire général du FLN». «Nous ne sommes pas dans une course de soutien» A propos de la prochaine élection présidentielle et la question qu'elle charrie, celle du cinquième mandat pour le président, le patron du MPA récuse tout retard de son parti quant à apporter sa caution à cette perspective. «Nous ne sommes pas dans cette logique de course au soutien. Ce n'est pas notre option. Nous n'avions pas appelé, faut-il le rappeler, ni au deuxième mandat, ni au troisième mandat, ni au quatrième mandat», déclare Benyounès qui estime que «personne ne doit forcer la main et ne doit obliger le Président à se représenter pour un autre mandat, comme personne n'a le droit de l'empêcher ou de lui interdire de se porter candidat, en dehors du Conseil constitutionnel, seul habilité à valider ou invalider les candidatures.» Et de faire une confidence à propos de ce soutien. «J'étais le premier politique à exprimer mon soutien au Président lors de sa première maladie, ce qui m'a été reproché à cette époque et que l'on continue d'ailleurs de me reprocher jusqu'à maintenant.» Et d'estimer que «l'on doit laisser le Président se décider dans toute son intimité la plus profonde et en toute âme et conscience à l'endroit de la prochaine élection présidentielle.» Une décision à la lumière de laquelle le MPA, affirme son président, aura à arrêter sa position. Ce que le conseil national du parti pourra faire lors de sa session ordinaire prévue le 28 septembre prochain, avec la possibilité de reporter cette décision à plus tard une fois le parti en «possession de toutes les informations» liées à cette échéance, autrement dit, l'intention du Président de briguer ou pas une autre mandature. Abordant, par ailleurs, sa récente rencontre avec son homologue du MSP, le président du MPA affirme que celle-ci était prévue «depuis le dernier meeting du parti islamiste à Alger». «Et puis, suite à l'accident de la route dont a été victime Abderrezak Makri, c'était l'occasion de lui exprimer toute ma sympathie», poursuit Benyounès. Une entrevue lors de laquelle Benyounès déclarait avoir réaffirmé son «opposition de principe à toute idée de transition», récusant ce que l'opposition soutient, à savoir que le pays vit une crise. Et de poursuivre en signifiant avoir réitéré à son homologue du MSP le «préalable non négociable et non discutable, le respect des institutions et des échéances électorales du pays». «J'ai dit que nous croyons à une compétition saine et ouverte entre les différents partis politiques et candidats avec une élection la plus ouverte et la plus démocratique possible. Après, c'est au peuple de décider», déclare Benyounès, avouant, par ailleurs, partager avec Makri, la «nécessité d'un consensus national le plus large possible», au vu, selon lui, des «réformes économiques structurelles urgentes qui risquent d'être difficiles, voire douloureuses et même impopulaires». M. K.