Annoncée il y a déjà quelques jours, la rencontre Ould Abbès-Makri aura bel et bien lieu au courant de cette semaine. Le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), s'est dit «favorable» et «prêt» à discuter avec le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Makri, de l'initiative de consensus national. Le tête-à-tête ne portera pas pourtant uniquement sur ce projet que le parti islamiste défend depuis des semaines et par lequel il tente de se repositionner sur la scène politique. D'après des précisions de Ould Abbès, rapportées hier par des médias en ligne, les deux hommes discuteront bien entendu «de l'initiative de consensus et de l'élection présidentielle de 2019 ainsi que d'autres questions qui marquent à présent l'actualité nationale». Une chose est sûre, les résultats seront exposés à l'opinion publique au cours d'une conférence de presse que le SG du FLN promet d'animer le lendemain. En attendant la confirmation, ce rendez-vous est significatif à plus d'un titre. D'abord du fait que le pouvoir se montre pour ainsi dire «flexible» vis-à-vis de la proposition de Makri. En effet, Ould Abbès, de par le poste qu'il occupe à la tête du premier parti de la majorité, n'aurait jamais accepté d'ouvrir les portes de son parti ou encore se déplacer chez le MSP, sans pour autant avoir l'accord de la présidence. Et puis, il y a comme un début de rapprochement du parti islamiste de la coalition gouvernementale. Outre le FLN, il y a «des démarches» en direction du secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, pour une autre rencontre. Enfin, une fois ces rendez-vous organisés, la spéculation sur la réunion ayant regroupé Makri et le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, s'arrêtera immédiatement. Benyounès n'aura pas commis alors de «péché». Par ailleurs, «Ould Abbès-Makri» en ce moment est sujet à polémique. Et pour cause, le rendez-vous intervient au moment où les deux hommes échangent des amabilités sur deux sujets. L'appel de Abderrezak Makri pour l'intervention de l'institution militaire «afin d'accompagner un processus de transition politique et économique» a été violemment critiqué par Djamel Ould Abbès. Lors d'une rencontre avec les élus d'Alger la semaine dernière, le patron du FLN a estimé que «l'armée ne rentre pas dans les affaires politiques», appelant à laisser l'institution militaire «se consacrer à ses missions». Ould Abbès, enfonçant le clou, va évoquer «un marchandage» des acteurs politiques en 1999, en contrepartie du soutien à Abdelaziz Bouteflika, alors candidat à la magistrature suprême. Des propos mal perçus au MSP dont la direction est allée à la défense de la mémoire de feu Mahfoud Nahnah. La polémique va jusqu'à pousser le FLN à corriger, via un communiqué, «le malentendu» et à rendre hommage au «cheikh». Reste à savoir maintenant quels points de convergence les deux hommes pourront trouver ? Le soutien du FLN pour un cinquième mandat du président Bouteflika est connu, alors que la proposition du MSP repose sur une transition politique et économique. A moins que le parti islamiste ne fasse des concessions sur des lignes rouges que lui tracera le pouvoir à travers Ould Abbès, la rencontre pourra virer à l'échec. Quoi qu'il en soit, les démarches du MSP démontrent, on ne peut plus clair, qu'il a déjà un pied dans le pouvoir. Ce dernier qui n'a jamais cessé de solliciter son retour après son départ du gouvernement en 2012 en a peut-être l'occasion idoine.