Dans une course verrouillée à double tour par l'équipe Sky, le Néerlandais Tom Dumoulin est le dernier espoir de détrôner les Britanniques Geraint Thomas, maillot jaune du Tour de France, et Chris Froome, quadruple tenant du titre, avant les cols pyrénéens de la dernière semaine. A 801,5 kilomètres de l'arrivée, les deux coéquipiers ont fait le ménage. Les deux compères, appelés à s'expliquer avant la fin du Tour dimanche prochain à Paris, disposent d'une marge de sécurité sur l'ensemble de leurs adversaires, à l'exception de Dumoulin et, dans une moindre mesure, du Slovène Primoz Roglic (4e) qui pointe cependant à plus de deux minutes et demie du Maillot jaune. Les dégâts ont été conséquents sur le champ de bataille alpestre. De l'ambitieux trio de Movistar, il reste l'Espagnol Mikel Landa à près de quatre minutes et le Colombien Nairo Quintana, qui est apparu résigné dans la montée de l'Alpe d'Huez, à une quarantaine de secondes supplémentaires. Le Français Romain Bardet, qui guette désespérément l'ouverture, a perdu trois de ses coéquipiers. L'Italien Vincenzo Nibali est rentré à la maison, victime de l'imprudence d'un spectateur.
Décision au Portet «Les écarts ne sont pas rédhibitoires», relève Vincent Lavenu, le manager de l'équipe AG2R La Mondiale de Bardet. Pas encore... si l'on se fie à la puissance de Froome et de Thomas, samedi, dans la montée de Mende. Ni l'un ni l'autre ne paraissent affaiblis et l'exclusion dimanche de leur coéquipier italien Gianni Moscon, pour un mauvais geste, accélère seulement la rotation dans le travail d'équipe. Experts es gestion du personnel, les responsables de la formation britannique en seront quitte pour faire tourner à un autre rythme les équipiers. Mais il ne reste à venir que trois étapes de montagne, mardi à Bagnères-de-Luchon, mercredi au col du Portet au-dessus de Saint-Lary-Soulan et vendredi à Laruns. La plus dangereuse ? La plus courte, les 65 kilomètres menant à l'arrivée en haute altitude du Portet, à 2215 mètres, que le directeur du Tour Christian Prudhomme qualifie de «nouveau Tourmalet». «C'est l'étape où il devrait y avoir le plus d'écart. Une grosse partie de la hiérarchie sera faite mercredi soir», prédit Bardet, qui a perdu gros avec l'abandon de Nibali, à la fois clairvoyant et imprévisible. Le Français ne peut qu'espérer une alliance entre grimpeurs pour damer le pion aux quatre premiers qui sont de surcroît les quatre meilleurs rouleurs. Le contre-la-montre d'Espelette, samedi prochain, leur est promis. Mais dans quel ordre ?
Amis... pour le moment Entre Thomas et Froome, séparés par 1 min 39 sec au classement, l'ambiance est -encore- ? à l'entente cordiale. «Etre premier et deuxième à ce stade est un rêve. Si un coureur de Sky monte sur la plus haute marche du podium à Paris, je serai content», a affirmé Froome lors de la journée de repos à Carcassonne. Inutile de préciser qu'il se verrait bien à cette place pour égaler le record. «Le plus important est que l'un de nous l'emporte. Nous sommes bons amis», a confirmé Thomas. «Enfin pour le moment..», a-t-il plaisanté. Tous deux présentent de possibles failles: la fatigue du Giro pour l'Anglais, l'absence de référence en troisième semaine du Tour pour le Gallois. Le patron de la Sky, l'insondable Dave Brailsford, a déclaré qu'il ne désignerait pas de leader, que cela se jouerait à la pédale. «Ce sont deux grands champions», a-t-il ajouté dans un parallèle qui met -étonnamment- sur le même pied son leader historique, vainqueur de six grands tours, et son ex-lieutenant. Il leur faudra venir à bout de Dumoulin, qui a déjà fait ses preuves dans un grand tour (vainqueur du Giro 2017, 2e en 2018). Le champion du monde du contre-la-montre est le seul à avoir tenu le choc. Sans l'incident de Mûr-de-Bretagne (50 secondes perdues et 20 secondes de pénalité), il serait à seulement 40 secondes de Thomas.