L'apparition de l'épidémie de choléra dans certaines wilayas du pays relance de nouveau le problème d'insalubrité qui sévit dans de nombreuses régions de la wilaya et tire la sonnette d'alarme sur la prolifération des décharges sauvages, sources des maladies de tout genre. Loin de la phraséologie et de discours de «tout va bien» des services de l'environnement et ses différents acteurs , les avis sont unanimes à dire que le tableau du milieu environnemental dans la wilaya de Jijel demeure noir à l'échelle de wilaya faute d'une prise en charge de cette question capitale. A cet effet , le visiteur de Jijel sera frappé par la prolifération des décharges sauvages qui pullulent dans de nombreuses régions, notamment dans les communes dépourvues de centres d'enfouissement technique. Il convient de souligner que la propagation de ces décharges est survenue avec la saison estivale et son flux impressionnant de visiteurs venus des quatre coins du pays. A cet effet, le vice-président de l'Assemblée populaire communale Fateh Cheraïtia nous a affirmé récemment que ses services ont collecté une moyenne de 170 tonnes par jour en ce mois d'août et 160 tonnes de déchets/jour en juillet dernier alors que la moyenne en temps normal, hors saison estivale, est de 109 tonnes par jour. Le même responsable a précisé que ses services assurent deux rotations quotidiennement pour la collecte des ordures. A ses yeux, des efforts qui butent sur l'incivisme des citoyens et leur non-respect de l'horaire de déposer la poubelle. Ainsi des quartiers et certains axes routiers et les abords des oueds et des terrains agricoles sont devenus des décharges incontrôlées où s'entassent des tonnes de déchets ménagers et solides dégageant des odeurs nauséabondes. Un terrain fertile pour la prolifération des maladies de tout genre en ces temps de grande chaleur dans une wilaya où la couverture sanitaire demeure non reluisante. A cet effet, les services concernés font état de plus de 40 décharges sauvages dont les plus grandes sont utilisées par les communes pour les déchets ménagers dont entre autres la décharge de Djenah dans la commune de Sidi Abdelaziz, Lajaârda dans la commune de Chekfa, Belghimouz dans la commune d'El Ancer et Tadernout à Ziama Mansouriah. Il y a lieu de souligner que ces décharges incontrôlées sont devenues un vrai calvaire pour les riverains qui ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur les risques que présentent ces décharges dont certaines constituent un danger même sur le patrimoine forestier et animal. C'est le cas de la décharge de Fedj Larbaâ dans la commune de Ouled Asker où trois vaches ont trouvé la mort récemment. A signaler aussi la récente apparition de nouvelles décharges due au jet anarchique des déchets, dont entre autres celle de l'évitement sud de la ville de Jijel, le chemin menant à la localité de Beni Ahmed, le chemin de wilaya reliant Taher à Chekfa, la route reliant la localité de Tassoust à Taher et les décharges se trouvant au niveau des oueds Nil et Boukraâ. Il convient de souligner que cette situation déplorable s'explique par le déficit en centres d'enfouissement technique dont souffre la wilaya qui ne compte que trois CET, Beni Ahmed, Taher, El Milia, assurant la prise en charge de 12 communes sur un total de 28. Par ailleurs, selon le rapport de la Direction de l'environnement de l'an dernier, sur 562,23 tonnes de déchets générés quotidiennement par les différentes cités, 337,72 tonnes de déchets soit un taux de 60% sont jetées dans les décharges sauvages alors que les trois CET ne prennent en charge que 224,51 tonnes dont 118 tonnes au niveau du Centre d'enfouissement technique de Beni Ahmed. Il y a lieu de signaler également que le CET de Taher connaît une saturation et la réalisation d'un nouveau casier au niveau de ce CET est une urgence de l'heure. D'autre part, des élus locaux ont exprimé leur appréhension quant à la complication de la situation de l'environnement dans la wilaya plaidant la levée de gel sur le projet du CET de Chekfa pour un montant de 30 milliards de centimes, la réalisation des centres des tris et de recyclage au niveau de trois CET en vue de les désengorger et de valoriser ces déchets qui constituent le maître mot du département de Mme Fatma Zohra Zerouati lors de ses visites dans les wilayas du pays. Notons enfin que l'apparition d'une quarantaine de cas confirmés de choléra doit inciter les responsables concernés à sortir de leur torpeur avant qu'il ne soit trop tard. Bouhali Mohammed Cherif