L'université algérienne risque d'être secouée par une crise. Les deux ailes du Conseil national des enseignants du supérieur risquent de mettre leurs différends de côté pour se regrouper et entamer un mouvement de protestation. En effet, l'aile dissidente appelle à un congrès unificateur pour le mois de décembre prochain. Les deux ailes réclament, entre autres, une revalorisation salariale et l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des enseignants notamment chercheurs. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le ton n'a jamais été aussi ferme. Les deux ailes du Cnes montent au créneau et menacent, chacune de son côté pour le moment, de paralyser l'université pour faire aboutir leurs revendications. D'autant plus que l'aile dissidente conduite par Milat Abdelhafid appelle à l'unification de l'organisation du Cnes. M. Milat est optimiste et estime que l'appel du jeudi du Bureau national pour l'organisation d'un congrès exceptionnel pour regrouper les deux ailes, a toutes les chances d'être accepté par l'aile conduite par Abdelmalek Azzi, laquelle a, d'ailleurs, tenu son conseil national samedi dernier. M. Azzi affirme que rien n'est encore décidé. Le Conseil national, qui a soulevé outre la revalorisation salariale, le problème des logements et du recrutement des jeunes diplômés, dit-il, rendra publique sa décision au cours de la semaine. L'appel à un congrès unificateur n'est pas fortuit. L'aile dissidente qui n'arrive pas à faire aboutir ses doléances menace de paralyser le secteur par un mouvement de grève nationale. Pour réussir son mouvement et faire pression sur la tutelle, elle demande au préalable l'union de tous les enseignants du supérieur autour d'une seule organisation. «Nous avons appelé nos adhérents pour tenir des conseils régionaux avant d'appeler à un conseil national qui décidera de la date de la protestation », a indiqué M. Milat. La démarche prendra un peu de temps, dit-il, et peut aller jusqu'au mois de décembre voire jusqu'à janvier prochain. «Nous comptons 100 universités sur le territoire national et près de 67 000 enseignants du supérieur, c'est pourquoi nous avons besoin de temps pour mobiliser tout le monde», explique-t-il. Selon M. Milat le centre de recherche de Chicago qui a fait un classement des salaires des enseignants du supérieur dans le monde a classé l'enseignant algérien dans la dernière place avec un salaire de près de 300 euros. Selon le syndicaliste, les salaires dans l'enseignement supérieur n'ont pas connu une revalorisation depuis 2008. Pourtant, rappelle-t-il, l'ensemble des secteurs de la Fonction publique ont bénéficié d'une revalorisation salariale. Le Cnes, aile Milat, reproche aussi au ministère d'avoir réduit le nombre de revues scientifiques à 37 au lieu des cent existantes auparavant. «Actuellement avec cette décision, l'enseignant va attendre une dizaine d'années sans pouvoir publier une thèse de doctorat» souligne le syndicaliste qui dénonce des décisions abusives de la tutelle. Jusque-là, et depuis la division du Cnes, Tahar Hadjar a réussi à contenir les appels à la grève dans son secteur. Ceux qui aboutissaient n'arrivaient, en général, plus à mobiliser comme dans le temps où le Cnes était une seule organisation. Les deux ailes laisseront-elles leurs différends de côté pour faire face au ministre de l'Enseignement supérieur ensemble ? Si c'est le cas, Tahar Hadjar a du souci à se faire, lui qui affirme que les portes de dialogue sont toujours ouvertes devant le partenaire social. S. A.