Tous les matins, les yeux encore fermés, elle arrête la sonnerie du téléphone et se lève d'un bond. Il est 5h30. Elle se dirige vers la salle de bains, se débarbouille à la hâte puis se précipite dans la cuisine. Elle met la cafetière sur le feu, la casserole de lait, pose les tasses sur la table, le pain, le beurre et réveille les enfants. Le plus redoutable est le petit dernier qui commence ses classes à la crèche. La maman, le cœur déchiré, a droit chaque jour depuis la rentrée à des crises de pleurs. Elle aura toutes les peines du monde à le consoler. Quant aux deux aînés, 13 et 11 ans, comme chaque année, tels des automates, feront leur toilette, avaleront leur chocolat, s'habilleront en deux temps, trois mouvements, et à 6h30 précises, ils sont au garde-à-vous. Ils n'attendent plus que maman qui tente toujours de calmer son petit qui à la voix enrouée à force de hurler et de sangloter. Nos voyageurs prennent place dans la voiture, il est 6h45, le voyage commence. Toujours le même depuis des années. Une heure de route avec quelques bouchons, avant de déposer les enfants. Ces derniers, qui somnolent encore, profitent du trajet pour rattraper quelques minutes de sommeil. Une fois les écoliers à bon port, notre maman va passer la plus dure épreuve, «abandonner» son petit à la garderie avant de rejoindre son bureau. «Je crois que c'est le moment le plus horrible de ma vie. Laisser mon enfant en pleurs derrière moi est la pire des tortures, même si je sais qu'il finit toujours par se taire et retrouver le sourire. La culpabilité me ronge chaque jour. Mais je n'ai pas le choix.»