De notre envoyé spécial à Zemmouri, Kamel Amarni Le parti de l'ancien ministre Amara Benyounès, le Mouvement populaire algérien, persiste et signe et maintient le suspense, à la surprise générale, quant à sa position officielle par rapport aux présidentielles d'avril 2019. «Cette décision appartient, exclusivement, au Conseil national, seul instance habilitée à s'y prononcer. Le conseil, qui s'est réuni hier (jeudi Ndlr) a décidé de reporter sa décision à une date ultérieure». C'est le président du MPA qui parle. Il s'exprimait ainsi, hier vendredi, à l'occasion de l'ouverture officielle de l'université d'été du parti, organisée cette année à Zemmouri, dans la wilaya de Boumerdès. «D'aucuns s'attendaient à ce que le MPA allait se prononcer sur cette question des présidentielles à l'occasion du rendez-vous d'aujourd'hui (…). La décision revient au seul Conseil national et ce dernier, réuni hier, a décidé de reporter cette question à une date ultérieure. Le Conseil national se prononcera définitivement après avoir réuni toutes les données nécessaires». Selon certains membres de la direction du parti, la décision en question sera tranchée en janvier prochain. «Nous sommes un parti libre et souverain et nous ne permettrons à personne de nous dicter notre ligne de conduite ou nos positions politiques», dira, toujours sur cette question des présidentielles et, plus précisément du soutien ou pas au candidat Abdelaziz Bouteflika l'ancien ministre du Commerce dans le gouvernement Sellal. L'allusion, ici, est clairement faite au FLN de Djamel Ould-Abbès. C'est d'autant plus clair que Amara Benyounès s'est longuement étalé sur cette question. «Je vous le dit de manière officielle aujourd'hui : le MPA n'adhérera jamais dans une structure conduite par un autre parti politique», à savoir, en l'occurrence, le «Front populaire», initiative lancée par Abdelaziz Bouteflika dans son message du 20 août dernier et prise à bras le corps par le FLN. «Notre seul engagement est et restera avec le président Abdelaziz Bouteflika. Même si tout le monde connaît l'appartenance politique du président, il n'a jamais été ou dit être le candidat d'un parti politique». Amara Benyounès n'épargnera pas, non plus, ses autres partenaires de l'Alliance présidentielle, à savoir le RND et le TAJ, qui ont également officiellement exprimé leurs soutiens respectifs au candidat Abdelaziz Bouteflika. «Dans cette affaire, je me demande d'ailleurs, qui soutient qui ? Ironisera le président du MPA. Est-ce ces partis qui soutiennent le président Bouteflika ou bien l'inverse ?». Ceci dit, Amara Benyounès n'a pas réservé ses piques que pour ces partenaires politiques. L'opposition en a eu une belle part, elle aussi. «Le problème en Algérie, est que nous avons plusieurs opposants mais pas une opposition. A six mois des présidentielles, ils n'ont pas un candidat et ne l'auront jamais ! Vous savez pourquoi ? Pour la simple raison qu'ils sont incapables de s'entendre sur un candidat consensuel». Pour Benyounès, la seule préoccupation des «opposants» est d'empêcher «le président de se présenter. Mais je vous le dis tout de suite. Mis à part le Conseil constitutionnel, personne, ni des rassemblements, ni des sit-in ne peuvent empêcher un citoyen algérien de se présenter à une élection présidentielle ». Toujours à l'endroit de l'opposition, Benyounès ajoutera ceci : «Ils disent tous que Bouteflika a échoué, que son bilan est catastrophique et que le peuple le honnit. Dans ce cas là, alors, pourquoi ne se présentent-ils pas aux élections puisque leur victoire est assurée d'avance ? Eh bien, pour une simple raison : ils savent, au fond, que lors des élections, c'est le peuple qui décide ! La preuve, ils se présentent aux législatives et aux locales mais craignent les présidentielles». C'est dire que, in fine, le parti de Amara Benyounès maintient son soutien à Abdelaziz Bouteflika mais se veut, cette fois, «pragmatique»… K. A.