Les exclus de la liste des b�n�ficiaires de logements parmi les anciens r�sidents de l�avenue de Roumanie ne d�col�rent pas. Ils sont revenus � la charge samedi et dimanche, deux mois apr�s leur renvoi manu militari de leurs domiciles, pour condamner l�attitude m�prisante de l�administration face � leur d�sarroi et d�noncer la supercherie orchestr�e par cette derni�re, s�agissant du sort r�serv� � leurs recours.� Samedi dernier, les femmes �taient en premi�re ligne d�un mouvement de protestation tr�s vite contenu par le service d�ordre. Onze d�entre elles ont �t� conduites au commissariat de police pour auditions et signatures de proc�s verbaux qui pourraient leur valoir des convocations prochaines au parquet et des poursuites judiciaires pour attroupement non autoris� et atteinte � l�ordre public. Elles avaient, en effet, tent� d�obstruer la route par des barricades et d��riger des tentes en contrebas de l�avenue de Roumanie pour s�y abriter. Une mani�re de dire leur d�tresse et d�attester qu�elles n�avaient plus de logis depuis la d�molition de leurs habitations et leur exclusion du programme de recasement. �L�une des femmes conduites dans les locaux de la police portait un b�b� dans les bras�, ont relev� des t�moins oculaires outr�s par la sc�ne. La nuit venue, c��tait au tour des hommes de subir la m�me proc�dure. Au nombre de 5, ils avaient d�cid� de passer la nuit sur les d�combres de leurs anciennes demeures avant qu�ils ne soient conduits � leur tour au commissariat ou deux de leurs ex-voisins iront les rejoindre de leur propre chef. Hier, hommes et femmes sont revenus sur les lieux pour tenir un mini rassemblement � proximit� de la mosqu�e d�saffect�e de l�avenue de Roumanie, laquelle fait office, depuis l��radication de la cit�, de dortoir pour quelques jeunes issus de la cit� et faisant partie des familles des exclus. Des matelas de fortune et des couvertures y sont dissimul�s le jour pour �tre d�roul�s � m�me le sol � la tomb�e de la nuit. Un rassemblement qui ne durera pas plus de deux heures, puisque les policiers ont fini par faire leur apparition pour ordonner aux protestataires de se disperser. Demande qu�ils ex�cuteront aussit�t, dans le calme, tant il est vrai que la gestion du dossier de l�avenue de Roumanie, en ce qu�elle a induit comme col�re et mouvements de protestation a �t� confi�e, d�s le premier jour, aux forces de s�curit� qui ont strictement veill� au maintien de l�ordre p�chant parfois par exc�s de z�le, parfois par maladresse mais aussi, en faisant preuve de compassion, par moments, devant les sc�nes intenables auxquelles ils ont pris part, contraints et forc�s. Justement, c�est ce volet qui a renforc� le sentiment d�injustice parmi ces �mes qui ne comprennent toujours pas comment des familles enti�res sont devenues, du jour au lendemain, SDF. �Il s�agit d�une d�portation caract�ris�e organis�e par le wali de Constantine qui a clochardis� des dizaines de familles, et continue d�ignorer les drames qu�il a caus�. Nous ne sommes pas dispos�s � c�der nos terres � n�importe quel prix. Nous demandons � �tre relog�s en premier lieu et exigeons que les lois de la R�publique soient appliqu�es partout de la m�me mani�re�, dira l�un des pr�sents. Ce dernier avance que dans le cas du quartier du Bardo, les choses ont fini par �voluer de mani�re plus sereine que ce soit en mati�re d�indemnisation ou de relogement. Documents � l�appui, d�autres protestataires affirment qu�ils ont tout perdu apr�s la d�molition de leur maison et locaux. P�res de famille et habitant le quartier, ils sont propri�taires ou locataires de locaux commerciaux o� ils exer�aient, en toute l�galit�, diff�rentes activit�s. Ils se retrouvent d�sormais sans toit mais �galement sans travail et ont du mal � nourrir leur prog�niture. Ce qui leur arrive est tout simplement incroyable, puisqu�ils n�ont b�n�fici� ni d�un logement ni d�une indemnisation et encore moins de l�affectation d�un local commercial. �On veut nous avoir � l�usure pour que nous renoncions � l�un ou l�autre de nos droits�, dira l�un d�entre eux. C�t� administration, on se f�licite presque, en sourdine, de l�efficacit� du proc�d� qui a pr�valu dans le traitement de ce dossier. Proc�d� qui aurait �emp�ch� des heurts majeurs, d�masqu� des fraudeurs et d�barrass� la ville des ponts d�une plaie b�ante qui la d�figurait�. Ainsi donc, l�administration aurait re�u une dizaine de recours qu�elle a trait�s aussit�t, et a m�me accord� un logement � la veuve d�un exclu qui a rendu l��me sur un lit d�h�pital des suites du choc qu�il a re�u le jour de la d�molition de sa maison. Une r�paration � titre posthume qui ne rendra pas la vie au d�funt Mohamed Soualmia, et qui ne dira pas non plus si celui-ci �tait v�ritablement un faux habitant de l�avenue de Roumanie. �Un fraudeur� au m�me titre que ces dizaines de vielles femmes, jeunes filles, vieillards et jeunes p�res de familles qui continuent de crier � l�injustice et � l�arbitraire et que l�on r�habilite juste parce qu�il est mort� de d�pit.