Beaucoup de gens ignorent à ce jour, que le moustique tigre est bien installé en Algérie. Pourtant, le risque d'une piqûre de cet insecte est omniprésent. Face aux symptômes douloureux et désagréables que provoque cette piqûre souvent confondus à ceux d'une maladie rhumatologique, les patients traînent avant d'entamer un traitement. Les services concernés par la lutte de ce moustique, eux par contre, ne sont pas dans le déni et persistent dans leur opération de lutte antivectorielle. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Signalé pour la première fois en 2010 à Larbaâ Nath Irathen dans la wilaya de Tizi-Ouzou, le moustique tigre est bel et bien installé en Algérie. Les cas de piqûres de cet insecte se font de plus en plus nombreux. Pourtant, les gens continuent à ignorer sa présence. Certains médecins restent indécis, voire inquiets devant les symptômes de la piqûre du moustique tigre, nouveaux pour eux en Algérie. La preuve : des patients consultent parfois deux ou trois médecins avant de découvrir qu'il s'agit de la piqûre du moustique tigre. Ignorant l'origine de leur mal, les malades eux, sont souvent affolés et paniquent avec l'amplification des symptômes. Ils se plaignent généralement de gonflements rougeâtres, douloureux et chauds suivis plus tard par de fortes démangeaisons. Dans certains cas, ces symptômes sont accompagnés par l'apparition d'abcès et d'infections notamment chez les patients atteints de diabète, d'hypertension et chez les polymédiqués (personnes atteintes de pathologies multiples). Farah traine depuis plusieurs jours des symptômes similaires à une arthrite. «Au départ, j'avais pensé à une allergie. A aucun moment, je n'ai pensé à une piqûre du moustique tigre jusqu'à ce que le deuxième médecin consulté me l'apprend», témoigne cette fonctionnaire tout en exhibant de larges traces rougeâtres sur ses jambes toutes irritées visiblement, à force de se gratter. «Regardez, poursuit-elle, comment mon bras est enflé ! C'est une nouvelle piqure qui date certainement d'hier. Là c'est tout rouge et dure. Dans quelque temps, les démangeaisons vont suivre». Même confusion chez Lilya. «J'ai eu la cheville enflée au point de ne plus pouvoir poser mon pied par terre. Elle me faisait très mal et son volume avait triplé. Je n'ai pas pensé à une piqûre d'insecte puisque je ne l'ai pas ressentie, mais plutôt à un problème osseux», raconte-telle. Ce n'est qu'une fois les démangeaisons apparues, que cette étudiante a jugé utile de consulter et de traiter son mal. Face à la similitude des symptômes de la piqûre du moustique tigre à ceux des maladies rhumatologiques notamment le rhumatisme et la goutte, certains malades n'hésitent pas à consulter des médecins spécialistes en rhumatologie. «J'ai eu une patiente qui est venue me voir pensant qu'il s'agit d'une arthrite ou d'un rhumatisme. En raison des gonflements situés souvent à proximité des articulations et des symptômes qui ressemblent à ceux du rhumatisme ou de la goutte, les malades pensent souvent à des problèmes rhumatologiques », souligne Amel, médecin rhumatologue. Le moustique continue à proliférer malgré l'opération de lutte antivectorielle menée à l'«improviste » en 2017 et relancée cette année, de façon bien structurée. Selon la directrice générale de l'Etablissement de l'hygiène urbaine et de la protection de l'environnement de la wilaya d'Alger (HUPE), Mme Lynda Cheballah, soixante équipes ont été déployées. «Nous avons ciblé les communes de Kouba, Birkhadem, Saoula, Khraïssia, et quelques quartiers à Hussein Dey. Comme nous nous attendions au retour du moustique et à son invasion, nous avons lancé cette année, une opération de prévention bien avant le début de la saison du moustique qui s'étale entre mai et novembre», précise-t-elle. Cette action a été justement précédée par une opération de sensibilisation dès le mois de février dernier. «Nous avons fait du porte-à-porte pour sensibiliser les citoyens et leur donner les consignes à suivre notamment, pour couvrir les contenants d'eau, débroussailler les arbres et les arbustes qui constituent des aires de repos pour ces moustiques car souvent les jardins sont mal entretenus», ajoute- t-elle. Elle cite justement le cas de la commune de Birkhadem où a été enregistrée la plus grande concentration du moustique tigre cet été. «Nous avons découvert des bassins et des piscines infestées alors que leurs propriétaires étaient en vacances», dit-elle. Pour la directrice générale de HUPE, la lutte contre le moustique tigre est un travail de longue haleine. «Actuellement, toutes nos équipes sont mobilisées pour la destruction des gites larvaires et l'élimination des moustiques tigres adultes par fumigation. Nous avons procédé à la mise en place des pièges pendoirs dans les 57 communes de la capitale. Cela nous permettra de vérifier la présence des œufs du moustique tigre et donc de traiter pour ne pas lui laisser le temps de se propager», explique-t-elle. Ry. N.