Les efforts visant à éliminer les obstacles à la formation d'un Comité chargé de la rédaction d'une nouvelle Constitution se poursuivaient hier en Syrie pour donner plus de chance de réussite au processus de règlement de la crise dans ce pays, au moment où le gouvernement syrien se dit prêt à coopérer avec Geir Pedersen, nouvel émissaire de l'ONU proposé pour remplacer Staffan de Mistura, démissionnaire. Le Président syrien Bachar al-Assad a discuté la veille avec un émissaire russe, Alexander Lavrentiev, des moyens «d'éliminer les obstacles» à la formation d'un Comité constitutionnel exigé par l'ONU et les Occidentaux pour aider à trouver une solution au conflit en Syrie à travers une nouvelle Constitution, au moment où Damas veut que l'actuel texte fondamental soit la plate-forme de toute concertation dans ce sens. Lors d'un sommet sur la Syrie la semaine dernière à Istanbul, les dirigeants de Russie, de Turquie, de France et d'Allemagne ont demandé la mise en place avant la fin de l'année d'un tel comité sur lequel planche l'ONU, pour «jeter les fondements d'une transition politique». Le Président al-Assad et l'émissaire russe Alexander Lavrentiev ont convenu de la nécessité pour la Russie et la Syrie de «continuer à travailler ensemble afin d'éliminer les obstacles à la formation de ce comité», a indiqué la présidence syrienne dans un communiqué. Un accord russo-turc sur la création d'une zone «démilitarisée» à Idleb, l'ultime grand bastion des groupes terroristes armés, a permis de relancer les efforts pour une solution politique au conflit, avec en priorité l'accent sur ce Comité constitutionnel. Depuis janvier, l'ONU travaille sur la composition du comité qui doit élaborer une nouvelle Constitution et comprendre 150 personnes : 50 choisies par le gouvernement, 50 par l'opposition et 50 par l'ONU pour inclure dans la réflexion des représentants de la société civile et des experts. C'est cette dernière liste de 50 noms choisis par l'ONU que rejette le gouvernement syrien. Le gouvernement syrien veut faire une proposition pour cette troisième liste, en coordination avec la Russie, l'Iran et la Turquie, selon l'ONU. Le gouvernement syrien a fait part de sa disposition à coopérer avec Geir Pedersen, nouvel émissaire de l'ONU proposé pour remplacer Staffan de Mistura, démissionnaire, comme il l'a fait avec ses trois prédécesseurs, «à condition qu'il prête allégeance à l'unité du pays et celle du peuple syrien, qu'il ne se tienne pas aux côtés des terroristes, et défende les principes fondamentaux de la Charte des Nations-Unies pour la liberté des peuples dans le cadre du combat contre le terrorisme», a affirmé dimanche le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad. Le diplomate norvégien, qui devrait prendre ses fonctions fin novembre, sera le quatrième négociateur chargé de trouver une solution pacifique au conflit qui déchire la Syrie depuis 2011. Il succédera à l'Italo-Suédois, Staffan de Mistura, qui avait annoncé son départ en octobre. La Syrie avait régulièrement accusé M. de Mistura de «subjectivité» sur le conflit. Après la libération de la majorité du territoire syrien des terroristes, le gouvernement syrien examine les possibilités relatives à la reconstruction des infrastructures du pays. «La priorité sera donnée aux principaux alliés syriens, soit avant tout à la Russie et à l'Iran. Ce sont surtout les spécialistes de ces pays qui reconstruiront et financeront les projets dans les domaines stratégiques, par exemple, dans la sphère énergétique», a assuré le conseiller au Conseil des ministres syrien Abdel Qader Azuz. «La contribution à la reconstruction de la Syrie de la part de certains pays qui avaient par le passé accordé leur aide aux terroristes ne sera pas acceptée par Damas», a-t-il souligné, ajoutant que les «Etats qui avaient accordé leur soutien au pays pendant la guerre y prendront part». «Les pays qui avaient soutenu les terroristes, et ceux qui essayent d'imposer des conditions politiques à Damas en échange de leur aide, ne travailleront pas en Syrie», a-t-il insisté. S'agissant des fonds nécessaires à la reconstruction, le responsable syrien a indiqué que «la communauté internationale est responsable de la guerre en Syrie, c'est pourquoi elle doit verser des indemnités». «Elle devrait créer un fonds international qui aiderait Damas. Mais toutes les dépenses doivent être coordonnées avec le gouvernement syrien», a-t-il poursuivi, assurant néanmoins que le gouvernement syrien trouvera l'argent nécessaire «quoi qu'il en soit». Et de préciser que «les Syriens eux-mêmes effectueront tous les travaux, ce qui réduira considérablement leur coût». Dans ce contexte, des spécialistes ont calculé que la rénovation des infrastructures exigerait entre 260 et 1 000 milliards d'euros car les destructions étant très importantes. D'après les estimations actuelles, la reconstruction nécessitera entre 10 et 15 ans. Le Président russe, Vladimir Poutine, estime pour sa part que «l'Occident devrait financer la reconstruction de la Syrie», espérant toutefois que «les Européens feront des concessions, puisqu'ils ont intérêt à ce que les réfugiés syriens rentrent le plus vite possible chez eux, toujours».