Quatre jours après l'élection présidentielle à Madagascar, l'ancien président de la Transition, Andry Rajoelina, reste en tête devant son rival, Marc Ravalomanana, selon les résultats encore partiels publiés hier par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Avec 7 597 bureaux de vote traités, sur les 24 852 que compte le pays, soit 30,57%, Andry Rajoelina reste toujours en tête avec 40,87% des suffrages, suivi par Marc Ravalomanana, 35,99%. Le Président sortant Hery Rajaonarimampianina, quant à lui, remonte lentement la pente avec 07,01% contre 05,75% samedi. Le code électoral malgache impose aux candidats un second tour si aucun d'entre eux n'a plus de 50% des suffrages au premier tour. Madagascar, grande île pauvre de l'océan Indien, est régulièrement déstabilisée par des crises politiques et post-électorales depuis son indépendance de la France en 1960. Vendredi, le directeur de campagne du candidat Marc Ravalomanana, Anisoa Tseheno Rabenja, avait dénoncé une tentative de fraude et de corruption de la CENI. Jeudi, Hery Rajaonarimampianina, qui a dirigé le pays de 2014 à septembre 2018, a dénoncé aussi de «nombreuses irrégularités de vote». Ces accusations ont été démenties par la Commission électorale. Les observateurs de l'Union européenne (UE) et de l'Union africaine (UA) ont insisté vendredi pour que les réclamations se fassent «uniquement» par la voie légale. Madagascar est l'un des pays les plus pauvres au monde. Les trois quarts de ses 25 millions d'habitants vivent avec moins de 1,9 dollar par jour. Marc Ravalomanana, 68 ans, et Andry Rajoelina, 44 ans, sont de richissimes hommes d'affaires. Les deux hommes étaient aussi les principaux protagonistes de la crise sanglante de 2009, qui avait fait une centaine de morts et s'était soldée par la démission de M. Ravalomanana, lâché par l'armée. L'opposant Andry Rajoelina s'était alors vu confier les rênes du pouvoir jusqu'en 2014, un «coup d'Etat» selon la communauté internationale. C'est la première fois que les deux hommes s'affrontent dans les urnes, après avoir été interdits de se présenter à l'élection organisée fin 2013 afin de tenter d'apaiser la situation politique. Mercredi soir, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina s'étaient tous deux dits confiants dans leur victoire.