Une fois n'est pas coutume, je parlerai de Madame la France. Fafa âziza pour nous ! Du reste, le parcours du combattant ne nous rebute pas au moment d'aller à Oued Smar déposer, juste pour déposer, le dossier. Je l'ai fait, récemment. J'ai eu un début de crise de nerfs, surtout au moment où on m'a interdit de faire rentrer un livre. Ainsi que ma boîte de Doliprane. Rien que pour ça, je vais me mêler de ce qui ne me regarde pas. Et parler des gilets jaunes ! Qui ont ébranlé les fondements de l'Etat français ! Qui ont mis Macron (un clone de Trump, sans la puissance américaine) hors jeu. Qui remettent en cause le contrat social actuel. Les gilets jaunes ont tenté de marcher sur l'Elysée. Comme l'ont fait nos «gilets noirs», à l'époque, qui voulurent marcher sur El-Mouradia. Est-ce l'amorce d'une guerre civile en France ? C'est une possibilité. C'est ce que les Français ont vu, chez nous, dans les années quatre-vingt-dix. Si ça continue comme ça, les gilets jaunes seront tentés de prendre le maquis. Les GJA (les gilets jaunes armés) feront parler la mahchouha. Comme le GIA national. C'est une possibilité, comme une autre. Je vous le dis, tout de go. Comme je vous le dis, ça ne va pas en France. Il y a eu près de deux mille arrestations. Il ne reste qu'à leur trouver un centre de détention, oui, dans le Sud. En France. Pas en Algérie. Sincèrement, Macron m'a toujours coupé la chique. Pas à ses débuts. Je l'ai vu comme un Tapie, mais de la haute classe. Puis, j'ai vu en lui un enfant gâté. De la morgue. De la suffisance. Comme celui qui sait tout. Alors que ceux d'en face ne pipent que dalle. Je suis franc, frères. Je le vois comme ça, votre Président. L'ami des riches, il l'est assurément. Quant au peuple, Macron lui demande de se sacrifier. Voilà, qui sème les taxes, récoltent les gilets jaunes. Un peu comme chez nous ! On a mis l'islam politique en contrepoids d'un éveil de l'amazighité, on a récolté les «gilets noirs». Quelle est la solution, en France ? Je ne m'en mêle pas. Quoique Macron, si vous me le permettez, devrait mettre un peu d'eau dans le vin de sa suffisance. Quelle est la solution chez nous ? Là, par contre, je peux m'en mêler. Je sais, au fond de moi, que le cinquième mandat n'est pas la panacée. Pour le reste, avril reste le mois de tous les dangers. D'autant que les chefs de l'Alliance ne savent plus à quel saint se vouer. Exit le cinquième mandat. Exit la Constituante de Hanoune. Exit le consensus du FFS. Exit le report des élections. Exit la transition. L'Alliance cherche. A force de chercher, l'Alliance trouvera bien quelque chose. Je sais, au fond de moi, que le cinquième mandat aura lieu, avec ou sans Bouteflika. Je ne vois pas l'Algérie changer de cap du jour au lendemain. Par la volonté d'un parti politique quelconque. Je ne vois pas l'Algérie dans le sens de la vertu politique, du jour au lendemain. Le passif est lourd. D'autant que le peuple n'a pas droit au chapitre. Qu'on ne vienne surtout pas me bassiner avec la volonté des urnes ! Les élections, chez nous, n'ont pas bonne presse. Ouyahia nous promet le «debbouz». Sauf si je n'ai rien compris au schmilblick. Les espaces de paroles sont bâillonnés. A tout bout de champ, une autorisation est exigée. Quant au peuple algérien, il est tout simplement mis aux abonnés absents. C'est là le problème. Et, surtout, le danger ! La paix n'a pas de prix, il faut sans cesse le dire. Le répéter. Et le crier sur tous les toits. Au moment où l'Alliance se réunit (ah, la réunionite !), au moment où les partis politiques disent tout et rien, au moment où le peuple s'arrondit, l'avenir risque de nous exploser à la figure. Les missives n'arrivent pas au destinataire idoine. Puis, elles sont incompréhensibles. Parlez-nous, Monsieur le Président ! Dites quelque chose ! Désolé de sauter du coq à l'âne ! Entre un «port sec» et un «port mouillé», je perds mon kabyle. Je n'ai pas été étonné de la drogue dans des containers de viande ; c'est du domaine du possible. Qu'un quidam tente d'introduire de la «ghebra» relève du domaine du possible. Je le conçois. Il y a bien du cannabis qui se vend en Algérie. Et autres drogues. Mais importer, men l'kharej, de la «zoubia» m'a fait passer par différents stades psychologiques. Un, j'ai commencé à me marrer comme une baleine. Deux, je me suis gratté la tête jusqu'au sang. Trois, j'ai regardé le ciel, et j'ai dit «pourquoi ?». Quatre, je me suis dit, c'est un canular, une erreur, une rumeur… Cinq, j'ai relu l'entrefilet. Six, j'ai appelé un pote qui m'a assuré que je n'ai pas eu la berlue (atulles ! En kabyle, dans le texte). Sept, j'en ai parlé autour de moi, et leur demande : «Comment a-t-il fait pour payer ?» Huit, on m'a expliqué, et je n'ai rien compris. Par contre, j'ai compris que la maison Algérie va mal. Très mal. Très très mal. J'ai mal à mon pays, ya kho ! Très mal. Très très mal ! Au fait, merci aux douaniers qui ont démonté cette connerie humaine. Maintenant, je vais me marrer, un peu. A Tamanrasset, «les représentants du FLN, MPA et RND se sont opposés à la tenue de cette session par le verrouillage de l'accès principal au siège de l'APW au moyen d'un cadenas et d'une chaîne». (In Liberté du 10 décembre). Il y a de quoi se marrer, non ? FLN, MPA, RND ! N'est-ce pas l'Alliance présidentielle ? Celle-là même censée trouver une solution au problème de l'Algérie. A commencer par l'épouvantail du cinquième mandat. Une bonne trouvaille, celle-là : la démocratie du cadenas et de la chaîne ! Ce concept est né chez nous, il faut lui faire confiance (comme le dit si bien une certaine publicité). Pour un avenir meilleur, selon le slogan d'un congrès du FLN d'une autre vie. Je vois d'ici nos élus, ceux de l'Alliance, munis d'un cadenas et d'une chaîne, comme les menottes d'un policier, et boucler toutes les assemblées qui n'entrent pas dans leur tactique. «Aghleq yemaha !» Un peu comme lors de nos jeux d'enfance, lorsque le baraqué de la houma lance à la ronde : «ou je joue, ou je «qachème». Bien, tu joues, ya kho ! Sauf qu'en avril, qui va jouer ? Sou'al youtreh ! Est-ce que «Fadhma reconnaîtra son mari ?» Je promets que pour la semaine prochaine, j'irai m'enfouir au fond de moi pour débusquer, dans ce qui me reste comme mémoire, certains souvenirs qui ont fait du chemin de ma route une quête de l'absolu. Comme un suicide avorté. Ou un poème falsifié. Ou une amitié oubliée. Ou une attente à flanc de leurre. Comme cette migraine qui tance mon énergie. Et ce genou gauche qui me rappelle que le temps ne prête qu'aux riches. Surtout les plus jeunes ! Là, je me marre moins. Y. M.