Le candidat à la présidentielle du 18 avril prochain, Abdelaziz Bouteflika, a procédé, hier samedi, à la nomination du ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane, comme nouveau directeur de sa campagne électorale en remplacement de l'ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal. C'est ce qu'a annoncé l'agence officielle, l'APS, en fin d'après-midi. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - L'annonce en question a été faite via une très brève dépêche de l'agence et dont voici le contenu intégral : «Le candidat Abdelaziz Bouteflika a procédé samedi au changement de son directeur de campagne, M. Abdelmalek Sellal par Abdeghani Zaâlane, a annoncé sa direction de campagne». Si courte mais combien lourde, en termes de messages que cette annonce où l'on apprend que Sellal n'est plus directeur de campagne, que Zaâlane le remplace et, surtout, que Abdelaziz Bouteflika est, toujours, «le candidat». Une annonce qui intervient le lendemain même des historiques et impressionnantes manifestations populaires du vendredi 1er mars à travers tout le pays et qui contestaient cette même candidature, celle de Bouteflika pour un cinquième mandat. Elle intervient également à la veille du dépôt, par Abdelaziz Bouteflika, de son dossier de candidature auprès du Conseil constitutionnel, prévu aujourd'hui, dimanche. Le limogeage de Abdelmalek Sellal aura été, pour ainsi dire, la seule réponse de Bouteflika aux manifestations de vendredi dernier. Officiellement, aucune explication n'a été fournie par «le candidat» ou sa direction de campagne sur ce limogeage inattendu de celui qui, à trois reprises, en 2004, 2009 et 20014, avait eu à diriger cette même campagne pour le compte du candidat Bouteflika. Mais il est clair que l'accélération des événements de ces derniers jours exigeait quelques décisions fortes pour tenter de relancer une candidature fortement décriée par la rue, mal défendue par «les siens» et desservie, en plus, par une direction de campagne qui n'arrive toujours pas à émerger. En dépit de moyens colossaux à sa disposition, elle passe plus de temps à colmater les brèches, à se défendre et à subir des coups qu'à réellement défendre son propre candidat. L'étonnante affaire de l'enregistrement audio d'une discussion censée être privée entre Sellal et Ali Haddad mais qui a fait le tour du monde en est la parfaite illustration. Abdelghani Zaâlane pourra-t-il «booster» la campagne du candidat Bouteflika ? Il est évident que ce qui a plaidé pour lui, c'est son tempérament et son profil. Proche du cercle présidentiel, bien sûr, Zaâlane, que l'on dit particulièrement proche de Chakib Khelil, est un nouveau venu sur le devant de la scène. Sobre, cet énarque natif de Souk Ahras n'est ministre que depuis mai 2017. N'appartenant ni au FLN ni au RND, c'est un cadre appartenant à la génération post-indépendance, ayant passé le plus clair de sa carrière au sein des collectivités locales avant d'être promu wali à partir de 2006, successivement à Oum-el-Bouaghi, Béchar puis à Oran. Un «nouveau visage» donc, pas trop catalogué comme l'un des barrons du système Bouteflika, comme Ouyahia, Sellal, et bien d'autres symboles du régime auprès de l'opinion, Zaâlane aura à mener une mission extrêmement difficile. C'est le moins que l'on puisse dire pour quelqu'un qui doit conduire la campagne d'un candidat fortement et «bruyamment» contesté depuis son annonce officielle, le 10 février dernier. Il aura d'abord à mobiliser l'armada partisane et associative qui soutient Bouteflika mais qui reste comme tétanisée pour le moment, par l'avènement d'un client inattendu dans l'arène politique : la rue ! De même qu'à coordonner entre les différentes composantes de la terrible machine qui reste à la disposition du candidat du pouvoir, l'inestimable arsenal institutionnel, médiatique et l'administration dans son ensemble, tout entièrement engagée pour la cause de « la continuité»… K. A.