L'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, dénonce fermement la dernière initiative diplomatique du pouvoir, à savoir la tournée annoncée du vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et qui l'a mené dans plusieurs capitales importantes. Une tournée qui participe, accuse Benflis, de la volonté du pouvoir «d'internationaliser la crise». Dans une déclaration rendue publique hier lundi, exclusivement consacrée à ce qu'il qualifie de «déploiement diplomatique du régime politique en place», Ali Benflis estime que celle-ci intervient parce que «ce régime a été alarmé par les déclarations de certains partenaires étrangers sur le droit du peuple algérien à manifester pacifiquement et l'élan de sympathie manifesté par l'opinion publique internationale, notamment occidentale, à l'égard du mouvement de contestation pacifique, dans notre pays». Ce en réaction à quoi «le pouvoir politique en place semble s'engager dans une campagne auprès des partenaires étrangers pour plaider sa propre cause, promouvoir la feuille de route du président de la République, déclarée nulle et non avenue par le peuple algérien, et solliciter la compréhension des uns, particulièrement les Occidentaux plus sensibles aux pressions de leur opinion publique, et le soutien des autres, notamment la Russie et la Chine». L'ancien chef de gouvernement y décèle un signe de panique chez le pouvoir et s'interroge, du reste : «N'est-il pas étonnant de voir un régime politique qui stigmatise l'ingérence étrangère lorsque certaines voix dans le monde s'élèvent pour soutenir le droit constitutionnel des Algériens à manifester pacifiquement et qui prend lui-même des initiatives qui vont dans le sens de l'internationalisation de la crise lorsqu'il se sent menacé dans sa survie ?» Cela étant, Ali Benflis met en garde contre l'ingérence et toute tentative d'internationalisation de la crise politique qui secoue le pays , particulièrement depuis le 11 mars dernier. «La solution de l'impasse politique actuelle est entre les mains des Algériens et doit le rester. L'internationalisation de la crise se traduira nécessairement par l'ouverture de notre pays aux luttes d'influence entre puissances étrangères dont on sait l'effet ravageur sur les pays qui les subissent.» Pour Benflis, le pouvoir «trouve (cette fois) des vertus à la main étrangère. Il ne se retient plus et ne s'interdit rien et plus aucun tabou ne lui résiste. La main étrangère semble devenue, pour lui, une main secourable». Quoi qu'il en soit, l'ancien chef de gouvernement estimera que «le peuple algérien est résolument contre toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires internes de notre pays». Il ajoutera, à juste titre, que «le peuple algérien a crié haut et fort le rejet qu'il leur oppose dès les premières marches. Il ne tolérera pas l'ingérence étrangère d'où qu'elle vienne et en aucune circonstance». A noter, par ailleurs, qu'au niveau diplomatique, les réactions internationales par rapport aux décisions lourdes de Bouteflika du 11 mars dernier ont été, pour le moins, assez «mesurées», sinon carrément favorables à Bouteflika pour certaines, notamment celle de Paris. K. A.