Les appels de personnalités auxquelles rien ne peut être reproché, notamment des experts sur des questions aussi sensibles que le domaine de l'énergie ou l'économie en général, commencent à se multiplier eu égard à la très délicate situation induite par la crise politique. Des appels qui ne sont pas dénués de fondement, à l'instar de celui lancé hier par le professeur et consultant en économie Mohamed Cherif Belmihoub à partir des locaux de la Chaîne 3. La dégradation de la situation économique ne date pas de ce dernier mois a, d'abord, précisé le professeur Belmihoub, la situation «complexe» qui se traduit par la crise institutionnelle ne fait qu'ajouter à la délicate situation de l'économie nationale. «Les opérateurs économiques s'engagent par rapport à un contexte, anticipent sur l'avenir, et lorsque la situation n'est pas claire sur le plan institutionnel comme c'est le cas en ce moment en Algérie, je crains que l'engagement des opérateurs économiques le soit à minima», a-t-il expliqué en parlant notamment du risque que l'investissement soit bloqué pendant un certain temps. Ceci et surtout que même sans cette situation, le climat des affaires en Algérie n'était déjà pas bon pour de multiples raisons, entre autres, la corruption, la bureaucratie, et l'accès au crédit. L'urgence du moment impose que l'on prenne ce que le professeur Belmihoub appelle «des mesures de sauvegarde». Déjà sur le plan des réserves de change, il faudra mettre la gestion des devises sous la supervision directe d'un comité et non pas entre les seules mains de la Banque d'Algérie «pour parer au risque de voir nos réserves de change s'évaporer ne serait-ce qu'en partie». Seconde urgence : la gestion des comptes du Trésor public, déjà sujets à une dégradation. Les immenses quantités d'argent imprimées, d'une part, et la surliquidité qui a induit l'augmentation, la semaine dernière, du taux de réserves obligatoires des banques à 12%, font que ces dernières sont en situation de surliquidités. Il va falloir du «sérieux» sur ce plan de la gestion des comptes publics, du sérieux mais pas des réformes parce que «des réformes doivent être menées par un gouvernement légitime et suivant un consensus national». Quoi qu'il en soit, il est à espérer, selon le professeur et consultant Mohamed Cherif Belmihoub, que la période de transition sur laquelle tout le monde parle soit «la plus courte possible», et ce, en exploitant ce que laisse comme possibilités la Constitution même s'il faudrait revoir cette dernière plus tard, le tout pour éviter le chaos. Azedine Maktour