Le mouvement populaire du 22 février n'a pas implosé uniquement les partis du pouvoir. Le plus vieux parti de l'opposition est, lui aussi, plongé dans une crise organique sans précédent. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Une crise ouverte couve depuis quelques semaines entre la direction du parti et les parlementaires qui ont décidé de ne plus reconnaître les décisions de l'équipe conduite par Ali Laskri et Mohand Amokrane Chérifi. Les parlementaires du FFS ont dénoncé, dans un communiqué rendu public hier, «les pratiques staliniennes d'un groupe qui a squatté la direction du parti», en allusion aux deux principaux membres de l'instance présidentielle. Ils sont accusés de mener une purge des militants qui refusent d'obéir à leur entreprise de normalisation du FFS «en violation des statuts et au mépris de nos instances». Il y a quelques jours, la direction du FFS a levé la couverture politique aux parlementaires du parti qui n'ont pas démissionné et n'ont pas respecté la décision relative au retrait des parlementaires du FFS des les deux Chambres du Parlement prise le 6 mars dernier. Une décision rejetée par les représentants du parti au Parlement. «Les parlementaires du FFS ne reconnaissent pas les décisions unilatérales et anti-statutaires prises par une commission dissoute par le conseil national et notifiées par un premier secrétaire illégitime et illégal», ont-ils affirmé dans leur communiqué. Ils accusent «ce groupe qui a fait main basse sur la direction du parti » de recourir à la violence pour empêcher tout débat au sein des structures afin de se soustraire au devoir statutaire de rendre des comptes. Avec cette crise organique, le plus vieux parti de l'opposition se donne en spectacle alors que l'Algérie aborde l'une des épreuves les plus décisives de son histoire contemporaine. Si la direction du FFS a proposé un plan de sortie de crise, les parlementaires qui la contestent considèrent que l'entêtement du pouvoir à imposer la voie constitutionnelle comme seule option ne répond pas aux aspirations et aux revendications populaires. «Une Constitution imposée par un régime autoritaire ne saurait être porteuse d'une solution à une crise éminemment politique», explique le groupe parlementaire du parti, soulignant que le peuple algérien exige le changement du système par la voie d'une solution politique et consensuelle qui aboutira à une véritable transition démocratique. «Les parlementaires du FFS restent convaincus que seule une transition démocratique au terme d'un processus constituant et l'élection d'une Assemblée constituante permettront aux Algériennes et aux Algériens d'exercer leur souveraineté et de recouvrer leur droit à l'autodétermination», ont-ils affirmé. Et de mettre en garde contre toute tentative de répression ou de détournement de ce mouvement populaire et pacifique au bénéfice d'une alternance clanique au sein du système. K. A.