Contrairement au «tout va bien» que la direction nationale du parti tente de vendre à l'opinion, le FFS est en crise. Et c'est Rachid Halet, membre de l'instance présidentielle qui déballe au grand jour les dessous du «putsch» que les Chérifi, Baloul (Azizi et Karim), Laskri, Ghezali et Bouaiche sont en passe de commettre contre l'héritage de Dda L'Ho. Le député, tête de liste de Tizi-Ouzou lors des législatives de 2012, que tous les observateurs considèrent comme la crème de la matière grise que renferme le vieux parti, sort de sa réserve et accuse ses bourreaux de chercher un pouvoir sans partage sur l'appareil du parti. «Je dénonce avec force le putsch exécuté par trois membres de l'instance présidentielle du FFS contre ma personne. Je suis membre de l'instance présidentielle du FFS, cette instance a été élue au cinquième congrès du parti en mai 2013 sur une liste unique et fermée. Elle est composée de cinq membres ; les congressistes ont voté sur une liste et non sur des noms», écrit Dr Halet dans une longue déclaration rendue publique, hier. Au moment même où la commission de médiation et de règlement des conflits approuvait sa «radiation», comme nous l'affirme une source digne de foi, des rangs du parti. L'homme est accusé de «travailler contre le parti». «Instance parallèle» Dans l'exercice de la présidence collégiale, ils sont collectivement et individuellement inamovibles et ne sont responsables que devant le sixième congrès du FFS à venir. Leur appartenance à l'instance leur confère l'immunité en matière politique. «Des accusations mensongères et sans aucune consistance», se défend-il. Et d'ajouter «(…) les faits qui me sont reprochés relèvent du débat politique au sein du conseil national et du parti en général, si ce n'est de l'opinion publique». Rachid Halet pointe du doigt trois membres du présidium : «Chérifi Mohand Amokrane, Ali Laskri et Aziz Balloul», lesquels «ont reçu le soutien clanique et intéressé du coordinateur du comité d'éthique, Karim Balloul», et de la conseillère de l'instance, Salima Ghezali. Il cite encore le nom de Chafa Bouaiche, actuel chef du groupe parlementaire du FFS. Les six constituent «l'instance parallèle qui gère les affaires du FFS», et dont la crise qu'ils ont ouverte «sera destructrice et durable si les instances du parti ne réagissent pas», met en garde le vieux militant. Offre de service Saisie et actionnée illégalement, explique Rachid Halet, la commission de médiation «n'a ni le pouvoir, ni les compétences statutaires de se saisir d'un dossier disciplinaire concernant un membre de l'instance présidentielle». Pour lui, les desseins de cet acharnement contre sa personne, à la veille du Conseil national qui se tiendra ce week-end, dépassent le contrôle du parti. «Ce que recherchent ces putschistes, c'est de contrôler les échéances électorales à venir, nationales et locales, pour récompenser leurs clientèles, assurer leur hégémonie sur le prochain congrès du FFS et monnayer leur soutien à l'occasion de la succession du chef de l'Etat en 2019». Fait gravissime ! Jamais le FFS n'est tombé dans de si bas calculs. Lui qui a incarné l'opposition radicale au régime depuis sa création en 1963. Plus clair, Rachid Halet dévoile un plan desdits «putschistes» visant ce qu'il qualifie de «reprofilage du parti en vue d'un rapprochement probable avec certains segments du pouvoir». Normalisation ? L'auteur de la fracassante déclaration estime qu'il serait «naïf» de croire que le sénateur Moussa Tamadartaza et le député Rachid Chabati, qui ont participé à des délégations parlementaires officielles en France et au siège de l'Otan, aient pu agir sans avoir recueilli l'accord au moins de certains parmi les putschistes. Le premier «a joué au facteur de Bouteflika auprès de Hollande», alors que le second s'est rendu «impunément» au siège de l'Organisation atlantique «malgré la position critique constante du FFS contre l'Otan». Des missions «symptomatiques et révélatrices», explique-t-il. Tout en dénonçant «la répression qui s'abat sur des militants courageux qui ont pris position contre le putsch» dans la grande tradition du FFS, Halet qui juge «irrecevable» la décision de la commission de médiation, car «nulle et sans portée politique ou juridique aucune». Il estime que seuls «la neutralisation et le départ de cette clique constituent l'alternative nécessaire et salvatrice pour le parti». Assurant qu'il restera membre du présidium, la tête pensante du FFS appelle les militants «à refuser le putsch, à lutter pour le respect et l'application impartiale des statuts du parti, à enraciner une pratique politique libre et effective au sein des structures».