Le Soir d'Algérie : Les Algériens se sont mobilisés pour le 10e vendredi consécutif. Quel enseignement peut-on tirer de cette détermination? Mustapha Hadni : Le seul enseignement qu'il faut tirer de cette 10ème marche, c'est que le peuple est décidé d'en finir avec le système, avec l'islamisme, avec les partis politiques responsables de cette crise multidimensionnelle, et avec les affairistes véreux. Les mots d'ordre le prouvent. Toutes les institutions illégitimes doivent être dissoutes (présidence par intérim, Sénat, APN, APW, APC, etc, etc.). Les partis islamistes, les partis de l'administration (FLN, RND) doivent disparaître, ainsi que toutes les associations maison UGTA et consorts. L'économie algérienne doit se débarrasser de tous les affairistes véreux et ne garder que ceux qui investissent, qui créent de l'emploi et respectent la loi et les intérêts du pays. Le peuple clame le slogan : « Djazaïr hora démocratia », cela veut dire la liberté la plus totale, l'égalité la plus totale entre les femmes et les hommes. Le peuple veut la séparation du politique et du religieux, des pancartes réclamant la laïcité ont été brandies. Le peuple réclame un rajeunissement de la classe politique. Rajeunir sans sauter les générations, le critère essentiel restant la compétence, la crédibilité, l'engagement. L'armée a affirmé qu'elle reste ouverte à toute proposition constructive et utile pour une sortie de crise. Qu'est-ce que cela signifie ? L'armée doit accompagner et encadrer la transition démocratique. La solution est politique. La Constitution est obsolète dès lors qu'elle est décriée par le peuple, elle ne reflète pas la diversité culturelle et elle n'est pas l'émanation de ce dernier. Nous espérons que l'armée qui reste ouverte à toute proposition utile de sortie de crise tiendra compte des propositions du PLD qui datent de février 2011. La transition démocratique est irréversible. Quelle est la proposition de votre parti pour une sortie de crise ? Le PLD propose une transition nationale décrétée par les institutions officielles actuelles avec toutes les forces vives du pays, le plus tôt possible. Il faut nommer un gouvernement de combat républicain pour gérer la transition, arrêt du processus actuel avec la dissolution de toutes les institutions élues ou désignées ainsi que tous les partis, syndicats et associations maison. Il faudra adopter par la suite un projet de loi pour une nouvelle Constitution afin d'aboutir à un projet de société pour que l'Algérie devienne une République démocratique, moderne, sociale et laïque et un projet de loi sur les partis politiques et leur financement, pour le renouvellement de la classe politique. On aura ainsi réuni les conditions pour organiser les premières élections libres et démocratiques (législatives, communales, et présidentielle). L'ANP doit être garante du caractère pacifique et démocratique de cette transition. Karim A.