C'est un véritable dialogue de sourds qui s'est installé entre la DE de Bouira et le partenaire social qu'est le Cnapeste, ce syndicat des enseignants dont la représentativité n'est plus à démontrer surtout dans une wilaya qui est considérée comme l'une qui a donné naissance à ce syndicat. Mais, malgré cette réalité, force est de constater que depuis plusieurs mois, un véritable bras de fer est engagé entre le directeur de l'éducation, et le bureau de wilaya du Cnapeste. Depuis le mois de novembre dernier, les représentants du Cnapeste et au lendemain d'un problème qui avait surgi au niveau d'une école primaire sise à Ras-Bouira, où quatre enseignantes du primaire furent sanctionnées, le Cnapeste qui a, dès le départ, considéré que ces sanctions étaient arbitraires et trop sévères, s'est mobilisé pour les soutenir. Une commission ministérielle a été dépêchée au mois de janvier et fut très bien accueillie par le Cnapeste, malheureusement, cette dite commission a appuyé les sanctions prises par la commission paritaire. Un recours a été introduit auprès de la commission des recours de la wilaya et depuis, ajoutés aux autres problèmes qui ont surgi ou qui existaient déjà, dont entre autres, selon les représentants du Cnapeste, le refus du DE de le considérer comme étant un partenaire social à part entière auquel il devrait rendre des comptes surtout quand les décisions prises par ses soins concernent des problèmes soulevés par le Cnapeste, c'est la guerre entre les deux protagonistes. La crise s'est exacerbée lorsque le DE, et suite à la décision du Cnapeste de ne pas remettre les notes du deuxième trimestre — décision prise pour faire pression sur le DE afin de surseoir aux sanctions prises par la commission paritaire à l'encontre des quatre enseignantes mais également, les sanctions prises contre plusieurs autres enseignants sur proposition des directeurs d'établissements alors que le plus souvent, ces rapports des directeurs font suite aux soulèvements des enseignants qui sont souvent des représentants du syndicat et ne faisaient que leur travail dans le cadre du travail syndical qui va dans le sens de la défense des droits de l'enseignant. Mais, sur ces simples propositions et rapports des directeurs d'établissements, le DE agit sans prendre attache avec le Cnapeste pour examiner ensemble ces cas disciplinaires. Et avec l'avènement du Hirak, les enseignants et surtout le Cnapeste qui a aussitôt rejoint ce mouvement, a exigé carrément le départ de ce directeur qui ne sait plus comment travailler avec le partenaire social. Aussi, après plusieurs semaines d'actions de rue contre le DE, après avoir pris la décision de ne pas remettre les notes du deuxième trimestre, le DE, plutôt que de se raviser et de reconsidérer ses positions, a décidé de geler la prime de rendement à tous les enseignants qui n'ont pas remis les notes du deuxième trimestre. Là aussi, le Cnapeste a dénoncé cette décision et a multiplié les demandes d'audience au wali de Bouira, en organisant des sit-in devant le siège de wilaya dans l'espoir de le rencontrer et de lui expliquer la situation et solliciter son intervention auprès du DE. Mais, malgré le pourrissement que l'on voit chaque jour surtout quand on sait que même les élèves de certains lycées et CEM ont manifesté pour réclamer leurs bulletins de notes, malgré cette situation, le wali qui devait imposer son arbitrage et essayer de régler ce problème, n'a rien fait. Pire, après une rencontre avec le chef de cabinet la semaine dernière, les représentants du Cnapeste sont revenus hier mardi pour voir le wali et lui expliquer la situation mais celui-ci les a totalement ignorés. Il est vrai que lors de leur marche qui les a menés depuis le siège de la DE où ils ont tenu un sit-in jusqu'au siège de la wilaya, les dizaines d'enseignants qui forment le conseil de wilaya ainsi que les enseignants qui étaient libres durant la journée d'hier, ne cessaient de scander les mots d'ordre de «Dégage », «Wali ma dar walou » « Le wali n'a rien fait» et autres « Wali la youbali » (Wali complaisant). Rappelons que le DE a déjà eu à s'expliquer concernant ce différend avec le Cnapeste en rappelant qu'il ne fait qu'appliquer les lois de la République, et que les représentants du Cnapeste étaient les premiers à applaudir la venue de la commission ministérielle avant de la fustiger après que cette dernière eut appuyé les sanctions contre les quatre enseignantes. Concernant la prime de rendement, le DE a expliqué que les enseignants qui n'ont pas remis les notes, ont privé les élèves en premier lieu d'avoir leurs bulletins et que suite à ces rétentions des notes, il était normal qu'ils soient privés de la prime de rendement. Mais rappelle-t-il, les portes du dialogue sont toujours ouvertes. En somme, un véritable dialogue de sourds auquel le wali s'est montré très complaisant ou incapable d'y remédier ou de concilier les deux parties. Et avec ce bras de fer, le risque de voir les examens de fin d'année perturbés surtout dans la partie est de la wilaya, est réel. Y. Y.