La création d'une instance indépendante d'organisation des élections est revenue au-devant de la scène, suite au discours du vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, qui maintient le cap sur l'élection présidentielle malgré le rejet massif du peuple. Mais avant la tenue du scrutin, le chef d'état-major de l'armée a indiqué qu'« il est certain que l'étape principale serait d'accélérer la constitution et l'installation d'une instance indépendante pour l'organisation et la supervision des élections ». « Nous attendons l'accélération de la prise des mesures adéquates pour la mise en œuvre de ce mécanisme constitutionnel, considéré comme l'outil juridique idoine pour préserver la voix de l'électeur et donner une crédibilité aux élections », a lancé Gaïd Salah ce 20 mai à partir de la 4e Région militaire. Mais qui va installer cette instance et avec qui ? Faut-il une révision constitutionnelle pour l'instituer ou du moins une révision de la loi électorale avant de la concrétiser ? En tout cas, la Constitution actuelle n'offre aucune possibilité pour sa mise en place puisqu'elle parle d'une instance de surveillance et non d'organisation des élections. Le peuple rejette l'élection présidentielle avec les mêmes mécanismes et mêmes personnels qui sont réputés beaucoup plus pour la fraude électorale et la corruption que pour autre chose. L'article 194 de la Constitution évoque la création d'une Haute Instance indépendante de surveillance (HIISE) des élections et dont le président est nommé par le président de la République. Cette instance n'a rien fait pour garantir la régularité des scrutins. Pire, son ancien président Abdelwahab Derbal avait affirmé que Bouteflika avait le droit de déposer sa candidature à la présidentielle par procuration, au moment où juristes et hommes politiques insistaient sur la présence obligatoire du candidat au Conseil constitutionnel. Cette instance a été dissoute par Bouteflika avant sa destitution par le peuple. Dans les conditions actuelles, il serait difficile d'envisager la tenue de l'élection prévue le 4 juillet. Même le FLN qui s'est empressé de soutenir le message du chef de l'armée, avec les autres partis de l'Alliance présidentielle qui se reconstituent autour de Gaïd Salah, estime que les conditions ne sont pas réunies pour cette élection. Les décideurs vont-ils alors imposer une instance au détriment du peuple et de l'opposition qui réclame une période de transition durant laquelle le climat électoral sera installé ? Karim A.