Comme il fallait s'y attendre, l'acte 15 du Hirak a été marqué par l'ombre du militant et défenseur des droits de l'Homme, Kamal-Eddine Fekhar, décédé mardi dernier après une grève de la faim qui aura duré 53 jours et qui a fini par l'emporter à cause du refus du pouvoir de le prendre en charge alors qu'il était sous sa responsabilité puisque incarcéré dans ses geôles depuis début avril dernier. Ainsi, et c'est parce que le peuple tout entier était affecté par cette tragique disparition d'un homme qui a toujours symbolisé le militantisme dans toute sa noblesse tant il était toute sa vie durant, aux côtés de ses frères mozabites pour défendre leur dignité et celle de l'Algérie, où qu'il soit , afin que l'acte élémentaire de la dignité humaine ne soit jamais bafoué ; ce militant hors pair que le pouvoir a fini par assassiner d'une manière la plus abjecte, en l'incarcérant d'abord et en le privant du droit le plus élémentaire celui d'accéder aux soins alors qu'il était dans une situation désespérée ; le peuple lui a largement dédié l'acte XV du Hirak. Hier vendredi et particulièrement à Bouira, les dizaines de milliers de manifestants venus des quatre coins de la wilaya, et qui ont défilé comme d'habitude le long des principales artères de la ville juste après la prière du vendredi, ont longuement scandé « Ya lil 3ar , ya lil3ar, rahoum qetlou Fekhar » (ô la honte, ô la honte, ils ont assassiné Fekhar), ou encore « Allah yerrahmek ya Fekhar » (repose en paix Fekhar), suivi juste après par des cris de « Pouvoir assassin » et autres « Ulac smah ulac ». Pendant toute la durée de cette procession humaine, on pouvait lire sur des pancartes certains hommages écrits par des citoyens anonymes : « Rendez justice à Kamal-Eddine Fekhar et Mohamed Tamalt : jugez les responsables de ces assassinats politiques ; walis, magistrats et responsables politiques », ou encore « Libérez les détenus politiques ; abrogez les lois liberticides », et cette pancarte brandie par le duo d'artistes ; Les frères Gaham, et écrite en arabe et qu'on peut traduire comme (Kamal-Eddine n'est pas mort et ne pourra pas mourir tant que ses idées sont vivantes : Pouvoir assassin dégage ! », etc. Arrivés devant le siège de la Wilaya, une halte a été observée par les milliers de marcheurs et une minute de silence a été observée à la mémoire du militant Kamal-Eddine Fekhar, puis la procession s'est poursuivie et des slogans habituels du Hirak ont été scandés par intermittence avec « Djazaïr horra dimocratia », « Klitou leblad yassarraqin » (vous avez pillé le pays, bande de voleurs), mais également « Gaïd Salah dégage ! » et autres « Bensalah dégage », « Bedoui dégage ! » , « Y'en a marre de ce pouvoir » , « Y'en a marre des généraux » ; alors que sur les pancartes ; des feuilles de route de sortie de crise qui sont encore proposées comme « Nous voulons une période de transition sans la présence des trois B ni les symboles du régime actuel », ou encore le fameux « Chaâb yourid : Yetnahaw ga3 » (le peuple veut le départ de tous). Une réponse somme toute claire, faite en réponse au dernier appel au dialogue lancé par le chef d'état-major, Gaïd Salah pour lui rappeler que le dialogue ne pourra jamais avoir lieu avec l'actuelle équipe au pouvoir, qui symbolise l'ancien régime. Cela étant, notons la présence hier vendredi des cadres nationaux du FFS dont Ali Laskri qui était entouré de plusieurs cadres et autres responsables du FFS à l'échelle locale et nationale, des cadres locaux du RCD et des secrétaires nationaux, et des dizaines de militants connus sur la scène politique locale et nationale pour leur engagement sans faille pour la démocratie et les droits de l'Homme et pour la promotion de tamazight dans toutes ses dimensions. Y. Y.