Le parti majoritaire, le Front de libération nationale, est plus que jamais déterminé à destituer l'actuel président de l'Assemblée populaire nationale et ex-éphémère coordinateur du parti, Moad Bouchareb. Hier mardi, le secrétaire général du parti, Mohamed Djemaï, revenait à la charge, en s'en prenant sans état d'âme au président de l'APN à l'occasion d'une rencontre avec les deux groupes parlementaires du FLN, organisée au siège du parti à Hydra. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - « Nul n'a le droit de vous diviser. Gare à la division ! », s'écria Djemaï à l'adresse des parlementaires, notamment les députés. « Celui qui cherche à vous diviser n'est mû que par ses intérêts personnels. Or, l'heure n'est pas à la recherche des postes, dans cette conjoncture difficile que vit le pays .» Sur les 160 députés que compte le FLN, 142 ont répondu à l'appel de Djemaï, avons-nous appris auprès de la direction du parti. Invité ouvertement par le FLN à déposer sa démission, Moad Bouchareb tente de résister depuis début avril. « Il a été installé par téléphone ( à la tête du FLN ) , il n'a aucune légitimité ! Son départ, aujourd'hui, est une revendication du peuple algérien. C'est une revendication du FLN et je dirai même que c'est une revendication unanime de l'ensemble des militants du parti. N'oubliez pas qu'il avait osé, une fois désigné par téléphone, prendre la décision de dissoudre toutes les instances et structures du FLN .» C'est par ces termes que le nouveau secrétaire général du FLN justifie cette guerre ouverte contre Bouchareb. Cela, avant de lancer de graves accusations à son encontre : « Au moment où l'institution militaire faisait l'objet d'une tentative de coup d'Etat par les forces anticonstitutionnelles, lui était là à ne rien faire. Même pas pour exprimer une position, pas même un communiqué de dénonciation .» Djemaï ne s'arrêtera pas là. « C'était un complot. C'était d'ailleurs à se demander s'il n'était pas chargé d'appliquer une feuille de route pour détruire le FLN, le parti des moudjahidine, lorsqu'il décidait de dissoudre l'ensemble de ses structures .» Puis, l'interpellant directement, Djemaï lancera à l'adresse de Bouchareb : « Si tu ne crois qu'à la force, avec laquelle tu t'es imposé à la tête de l'Assemblée, nous aussi nous sommes prêts à aller loin avec toi .» Le SG du FLN annonce, là, une escalade dans ce bras de fer entre le parti et l'actuel président de l'APN. Il ne manquera pas d'ajouter : « Nous reconnaissons nos erreurs. Le FLN faisait partie d'un mode de gouvernance. Même ce parti était dirigé par des injonctions et par téléphone. Et nous avons demandé pardon au peuple algérien .» Cela étant, Djemaï s'en prendra également aux détracteurs du FLN : « Certains partis microscopiques n'hésitent pas, toute honte bue, à réclamer la mise à l'écart du FLN, du dialogue national. Certains iront même jusqu'à réclamer qu'il soit mis au musée ! Ils oublient que le FLN est le seul parti qui est structuré dans l'ensemble des 1541 communes ! C'est d'ailleurs nous qui appelons à aller vers des élections et rejetons toutes les transitions .» En tout cas, de tous les partis du pouvoir, le FLN est, assurément, le seul à reprendre l'activité et à refaire son apparition ces dernières semaines. K. A.