Loin d'être découragés ou désespérés par les menaces du système politique et son entêtement à rester en place, les Algériens ont redoublé de mobilisation pour atteindre les objectifs du mouvement du 22 février. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le 16e vendredi de la mobilisation nationale était un moment de démonstration et d'affirmation de l'attachement de la population à ses revendications, à savoir le départ du système politique, le rejet des élections et de tout dialogue tant que ses figures principales, notamment le chef de l'Etat Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui ne sont pas débarqués. Hier encore, les Algériens ont exprimé, par millions, leur rejet catégorique des solutions proposées par le système. Dans la capitale, la démonstration était à la hauteur des défis qui se posent au pays. Sans aucun répit, la mobilisation d'hier était la plus importante des cinq derniers vendredis, dont quatre étaient intervenus au plein mois de Ramadhan. Une fois le mois sacré passé et l'Aïd fêté, la population renoue avec les grandioses mobilisations. Des torrents humains ont convergé vers le centre d'Alger, submergeant les rues Hassiba-Ben-Bouali, le boulevard Amirouche, la place de la Grande-Poste, la place Audin et la rue Didouche-Mourad. Et comme d'habitude, les services de police ont été déployés en force et les accès à Alger ont été perturbés par les barrages filtrants de la Gendarmerie nationale. Plusieurs citoyens ont été interpellés aux premières heures de la matinée. Les manifestants ont surtout dénoncé la décision du Conseil constitutionnel qui, après avoir annoncé l'annulation de l'élection présidentielle du 4 juillet, maintient Bensalah dans son poste jusqu'à l'organisation d'un autre scrutin. Ils ont rejeté également le discours du chef de l'Etat où il a annoncé qu'il reste en poste jusqu'à l'élection d'un nouveau Président de la République. Opération échouée en raison du rejet populaire massif de l'élection avec les mêmes figures, les mêmes lois et la même administration. Ciblant le chef d'état-major de l'ANP, les manifestants ont scandé tout au long de la manifestation plusieurs slogans tels que « Y a pas de dialogue avec les bandes », « Pour un Etat civil et non militaire », « Pas de régionalisme, nous sommes tous des frères ». Devant le siège de la Sûreté de la wilaya d'Alger, les manifestants ont lancé « Pour un Etat civil et non policier » et « La police protège les bandes ». Sur des pancartes et des banderoles, les manifestants ont exprimé leur rejet du dialogue, appelant à une période de transition gérée par des personnalités nationales intègres. Sur l'une d'elles est proclamé que « la prolongation du mandat de Bensalah est anticonstitutionnelle. Elle prolonge la durée de la crise et rallonge le mandat de la bande de Bouteflika ». Les marches d'hier ont ainsi exprimé le rejet populaire du nouveau plan du pouvoir qui insiste sur le respect de la Constitution en choisissant les articles qui l'arrangent et violant ceux qui n'arrangent pas ses affaires. Les manifestants ont aussi réitéré leur détermination à rester mobilisés au moins jusqu'au départ des figures décriées du système qui s'accrochent à leurs postes, refusant d'obéir aux exigences populaires, préférant attendre le signal « d'en haut ». Des islamistes radicaux tentent de s'infiltrer Un groupe d'islamistes radicaux, arborant des portraits d'Ali Benhadj, ont tenté d'infiltrer les foules hier à Alger, sous les cris de « Dawla islamia (Etat islamique) » provoquant des bousculades parmi les manifestants. Ils étaient quelques dizaines de personnes, menées par quelques barbus. A la Grande-Poste, ils ont été chassés par des citoyens qui lançaient « Algérie libre et démocratique ». Une bagarre a failli éclater devant la Fac centrale. Sur tout le chemin qu'ils ont emprunté, ils ont été sifflés. Par ailleurs, une autre personne ayant tenté de déployer une banderole favorable au dialogue avec le pouvoir a été chassée à la rue Hassiba-Ben-Bouali aux cris de « FLN dégage ». K. A.