Les Verts montent en puissance. Depuis octobre 2018 et ce nul ramené de Banjul face aux Gambiens en qualifications de la présente CAN-2019. Jeudi, les joueurs de Belmadi ont épinglé un grand d'Afrique à leur tableau de chasse. Le Sénégal perché au sommet du classement Fifa 50 marches devant l'Algérie a eu du mal à réaliser quand l'arbitre zambien Janny Sikazwe donna le sifflet final de ce classique remporté par les Algériens. A Dakar et le reste du pays des Lions de la Téranga, ce jeudi 27 juin est jour de deuil. La tannière emmenée par la vedette des Reds de Liverpool, Sadio Mané, n'a pas rugi. Pis, elle s'est fait bouffer par de malins Fennecs. Une malédiction ? Peut-être bien, les Sénégalais n'arrivent plus à gagner devant le géant nord-africain. La 22e explication a apporté cette preuve qu'impossible n'est pas algérien. Vraiment. Sinon, d'un extrême à l'autre, Mahrez et Cie ont slalomé. Face au Kenya, qui faisait peur à tous mais qui a été finalement réduit en miettes au bout d'une petite mi-temps. Puis face à un favori en puissance pour le sacre final de cette trente-deuxième édition. Les Pharaons doivent certainement se retourner sous les pierres tombales et les Pyramides tremblent. L'Algérie serait-elle cette équipe qui finira par triompher le 19 juillet ? Difficile de l'affirmer tant le football nous a appris. Beaucoup appris de par, notamment les déceptions d'un passé récent. La vérité du jour dit que les Verts ont mis à genoux les plans d'Aliou Cissé. Mais dit aussi que le chemin est encore long. Car, gagner la CAN est une œuvre gigantesque mais retrouver cette sélection qui dynamitait tout sur son passage, comme l'ont fait dans les années 80 Assad, Belloumi, Madjer et autres Zidane et Dahleb, relève d'un rêve «concrétisable». C'est Belmadi, le maître de l'ouvrage, qui en fait le constat. «Nous avons gagné. Savourons mais restons humbles. Le chemin est encore long», susurrait-il à ses guerriers. Ceux qui étaient sur le banc encore plus que les 14 éléments qui ont foulé la grasse (mais gracieuse) pelouse du stade du 30-juin au Caire. Solidarité payante, énergie débordante Défensivement ou offensivement. L'équipe d'Algérie a fait la différence grâce à des sacrifices, des différents staffs et des 23 joueurs présents en Egypte. Une solidarité de tous les instants et une énergie jamais retenue. Malgré la chaleur, l'humidité, l'arbitrage et un adversaire bourré de vedettes. Un Sénégal qui a fait sensation au Mondial de Russie, il y a juste un an. Qu'est-ce qui a changé chez eux et chez nous ? Rien et beaucoup de choses à la fois. Les effectifs sont, à quelques exceptions près, les mêmes. Cissé qui a recollé le puzzle transgressé par les sélectionneurs made in ramenés par la FSF est un adepte de la continuité. D'un certain conservatisme. Les stars qui viennent de différents horizons fondent dans le groupe et constituent un bloc difficile à déboulonner. En face de lui, un ami d'enfance, ramené au secours (en roue de secours plutôt après l'échec des plans A et B de la FAF) est la plus grande nouveauté dans le paysage de cette Algérie qui a bousculé au Brésil le futur champion du monde en 2014. Et cinq années plus loin, Belmadi semble nous renvoyer vers ce huitième de finale mémorable face à la Mannschaft. Si bien que le Sénégal aujourd'hui apparaît comme cette «faucheuse» des ambitions nourries par l'assoiffé public algérien. Tellement la grinta qui a prévalu au Brésil, particulièrement contre l'Allemagne, semble avoir été reconquise par les quelques rescapés de l'épopée de Porto Alegre qui encadrent excellemment une nouvelle vague qui ne manque ni de talent ni d'envie. C'est cet esprit-là qui manquait aux Verts depuis le match face au Cameroun, un soir de septembre 2016 et qui constituait le début de la dégringolade pour cette sélection, à chaque fois annoncée comme favorite mais qui a déçu. Ses admirateurs et les amateurs du football champagne où la technique, la sueur et le sang se conjuguent jusqu'à produire l'étincelle qui illumine les sombres cieux. Jeudi au Caire, à quelques bornes des majestueuses Pyramides, Mahrez, Belaïli et consorts ont écrit une nouvelle page dans le livre d'or du football algérien. L'histoire ne s'arrête pas. M. B. Fiche technique Le Caire, stade du 30-Juin, temps chaud, affluence nombreuse, terrain en bon état. Arbitrage du Zambien Janny Sikazwe, assisté du Soudanais Waleed Ahmed Ali et de l'Erythréen Tesfagioghis Berhe. But : Belaïli (49), Algérie. Avertissements : Algérie : Benlamri (20), Atal (24). Sénégal : Kouyate (14), Baldé (38). Sénégal : E. Mendy (GB), Sabaly, Koulibaly, Kouyate, Wague, A. Ndiaye (Saviet 86), Badou, Diatta (Diagne 73), Balde (Thioub 63), Niang, Mané. Entraîneur : Aliou Cissé. Algérie : M'bolhi, Atal, Bensebaïni (Farès 80), Mandi, Benlamri, Guedioura, Bennacer (Abeid 90+2), Feghouli, Mahrez (C ), Belaïli (Delort 86), Bounedjah. Entraîneur : Djamel Belmadi.