L'avant-première du film documentaire Main Rouge : les crimes occultés du cinéaste algérien, Faiz Kamel, a été présentée jeudi à Alger, visant à faire la lumière sur les assassinats commis par l'organisation criminelle française Main Rouge en France et dans certains pays d'Europe de l'Ouest contre les militants du Front de libération nationale (FLN) et les sympathisants européens de la cause nationale. D'une durée de 72 minutes, cette œuvre vise à lever le voile sur l'histoire sanglante de cette «organisation» relevant du service de renseignements français à l'époque (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage/SDECE), soutenue par les hautes autorités françaises, et ce, à travers plusieurs témoignages de militants algériens et sympathisants européens avec la Révolution algérienne, ainsi que les archives et les différents documents imprimés et audiovisuels. L'organisation Main Rouge a été créée pour la première fois en 1952 au Maroc et en Tunisie par des fanatiques du colon français pour éliminer les indépendantistes avant que la SDECE n'exploite, à l'époque de son directeur, Paul Grossin (1957), le nom de cette organisation, après le déclenchement de la guerre de libération, pour l'exécution d'assassinats, notamment en France, en Allemagne, en Belgique, en Italie et en Suisse. Entres autres victimes des exécutions effectuées par cette organisation et mises en lumière par ce documentaire figurent l'avocat algérien Amokrane Ould Aoudia et le marchand d'armes allemand Otto Schlüter, alors que d'autres s'en sont sortis indemnes tels que l'avocat français Jack Vergès. Ce documentaire, qui comprenait plusieurs scènes concrétisant les opérations de liquidation, met en évidence les témoignages de plusieurs militants algériens tels que Dahou Ould Kablia, président de l'Association des anciens du Malg, Omar Boudaoud, du bureau fédéral du FLN en France, et des historiens à l'instar de l'académicien Dahou Djerbal, l'historien français Gilles Manceron et l'écrivain et journaliste enquêteur Vincent Nouzille. Parmi les témoignages recueillis, ceux d'anciens membres français des services secrets français, à l'image de Constantin Melnik, coordinateur des services de renseignement, et Raymond Muelle, ancien officier de l'armée française, dont le rôle était déterminant dans «la mise à nu des actes criminels» commis par cette organisation devant l'opinion publique française et européenne, bien qu'ils aient fourni «très peu d'informations» dans leurs témoignages. A cet effet, M. Nouzille a affirmé que cette organisation «a été créée par les services secrets français et a utilisé le nom ‘‘Main Rouge'' pour faire diversion», ajoutant que les assassinats perpétrés en France et dans plusieurs pays européens avaient concerné une centaine de personnes durant la période 1954-1962, ce qui confirme l'implication de l'Etat français et de sa police politique, représentée par les services de renseignement. Il s'agit de la même tendance adoptée par Manceron qui a qualifié ces opérations de «crimes d'Etat», vu que les services secrets «revêtent un caractère officiel et appliquent des ordres venus d'en haut», rappelant que «c'est le Premier ministre Michel Debré qui avait donné des ordres pour l'exécution de ces crimes sous le commandement de Charles de Gaulle». Produit par la société privée Rym Star, en collaboration avec le ministère de la Culture, le film documentaire a été projeté en l'absence du réalisateur et en présence du scénariste Mustapha Aït Mouhoub, et nombre d'historiens ayant participé à ce travail, à l'instar de Dahou Ould Kablia et Dahou Djerbal.