L'organisation d'élection présidentielle dans les plus brefs délais n'est, ni plus ni moins, qu'un cadeau empoisonné, assure Abdallah Djaballah. Pour le président du FJD, une telle solution à la crise permettrait de perpétuer le régime. Il appelle à la poursuite du mouvement populaire et doute de la capacité du panel chargé du dialogue à réussir sa mission. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La solution qui consiste à aller, au plus vite, à une élection présidentielle, n'est pas du goût de Abdallah Djaballah. Il y voit même une intention d'étouffer le mouvement populaire et la continuité du régime. Les arguments développés, assure-t-il, paraissent de prime abord acceptables mais il s'agit d'un cadeau empoisonné car ayant pour seul but de mettre un terme au processus révolutionnaire. Ce dernier, affirme le président du FJD, ne peut se résumer à la seule revendication du départ de l'ancien président de la République mais de toutes les figures de son système. Ce dernier s'adosse, selon l'analyse du président du FJD, sur plusieurs piliers dont des hommes d'affaires véreux, une classe politique aux ordres, une élite qui l'a soutenu sans réserve, sans oublier un mouvement associatif totalement assimilé. C'est à toutes ces composantes du système que le peuple a retiré sa confiance et non pas à un seul homme. Quelle solution ? Pour commencer, selon Djaballah, il serait urgent de reconnaître la légitimité du mouvement populaire mais il dit craindre, en même temps, que beaucoup se laissent convaincre par les initiatives proposées et que les élites fassent le mauvais choix. En prenant la parole au cours de la session ordinaire du madjliss échoura de son parti, Djaballah a rappelé que sa formation politique avait toujours milité pour l'installation d'une commission indépendante de supervision des élections mais, dans les conditions actuelles, ce n'est plus suffisant en raison de la pérennité du système. Même si le panel chargé du dialogue arrivait à élaborer un texte acceptable rien ne garantit son application. Au sujet de ce dernier, il ne s'agit, ni plus ni moins, que d'une manœuvre car, dit-il, comment expliquer que les tenants du pouvoir puissent lui préférer la plateforme de Aïn-el-Benian issue de la rencontre organisée par les forces du changement. Il s'agissait pourtant, selon Djaballah, d'une «initiative mûre» pour laquelle son parti a, ajoute-t-il, œuvré en tentant d'atteindre un consensus avec un socle constitutionnel qui soit conforme aux attentes de la rue. Pour y arriver, il a dû convaincre de la démarche les plus réfractaires. Aujourd'hui, poursuit-il, que le pays vit une situation exceptionnelle, nul ne peut se proclamer tuteur du peuple. A ce dernier, le président du FJD lance un appel sans ambiguïté aucune : le mouvement populaire ne doit pas céder au doute ni reculer mais, au contraire, se poursuivre. N. I.