L'ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi, a été plébiscité sans surprise hier, président de l'Autorité nationale indépendante de préparation des élections qui aura pour mission d'organiser le scrutin présidentiel prévu en fin d'année. Après l'adoption par les deux Chambres des deux textes de loi organique relatifs à l'Autorité en charge des élections et au régime électoral et l'élection de son président Mohamed Charfi, le processus d'organisation de l'élection présidentielle est bel et bien enclenché. Le nom du magistrat qui a occupé le poste de ministre de la Justice, garde des Sceaux, à deux reprise en 2002 et en 2012, a été associé aux deux plus grandes affaires de corruption qu'a connu le pays à savoir l'affaire Khalifa, puis qu'il a été le déclencheur en 2001 et l'affaire Sonatrach et Chakib Khalil en 2012. Le long parcours de ce diplômé de l'ENA et docteur en droit, l'a conduit à occuper plusieurs postes dans le secteur de la justice en commençant comme procureur de la République de 1972 à 1989 à Annaba, Biskra et Sétif, Guelma, Oum-El-Bouaghi et Constantine ensuite nommé secrétaire général du ministère de la Justice de 1989 à 1991, puis conseiller à la présidence de la République de 1999 à 2002 avant d'être désigné ministre de la Justice dans le gouvernement d'Ali Benflis. Un autre retour dans l'exécutif, au même poste en septembre 2012 dans le gouvernement Sellal cette fois mais, de nouveau limogé pour avoir accéléré l'instruction de l'affaire Chakib Khelil et la délivrance d'un mandat d'arrêt international contre lui et sa famille dans l'affaire Sonatrach. Une décision surtout, historique qui avait surpris à l'époque mais qui, joue en sa faveur actuellement et dans ces circonstances de rejet de tout ce qui pouvait rappeler l'ancien régime. Il se dit apolitique et n'obéit à aucune couverture partisane. L'installation de Mohamed Charfi à la tête de l'Autorité nationale indépendante des élections serait, à priori, un gage de crédibilisation de cette instance au vu de la bonne réputation de son, désormais président reconnu par sa droiture et intégrité parmi ses pairs en plus qu'il a été l'un des opposants farouches au clan des Bouteflika. C'est lui d'ailleurs qui avait évoqué en 2013, «le réseau international de corruption, dont les ramifications s'étendent à tous les continents, visait à absorber la substance de Sonatrach». En prenant cette lourde responsabilité de chapeauter l'organisation des élections présidentielles prévues au mois de décembre prochain, l'élection de ce magistrat répondra à certaines craintes soulevées quant à la crédibilité de cette Autorité qui doit sans trop attendre entamer le processus de désignation et de la mise en place du dispositif électoral, ses représentants au niveau des wilayas et des communes. Ilhem Tir