L'élection présidentielle est pour l'expert et analyste politique Saïd Mediouni Mokhtar, un impératif de sécurité nationale. Toutefois, il plaide pour le maintien de la mobilisation du peuple à travers son mouvement afin d'assurer la continuité de la révolution et du changement. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Qualifiant le mouvement populaire du 22 février d'«élan populaire extraordinaire», Saïd Mediouni Mokhtar, expert et analyste politique, souligne que celui-ci a exprimé à quel point les Algériens aiment leur pays. «Le Hirak a permis à notre pays qui était déstructuré de réaliser des choses dont nous ne pouvions même pas rêver. En quelques mois, nous avons écarté des gens qui ont pillé ce pays pendant 20 ans et nous avons commencé à nous libérer sur tous les plans : justice, presse, mouvement social», disait-il hier, sur les ondes de la radio Chaîne 3. Il estime, d'ailleurs, que ça serait un «gâchis» de ne pas penser à structurer ce mouvement afin qu'il assure la continuité après l'élection présidentielle. S'agissant de ceux qui refusent le dialogue et les élections, l'invité de la radio s'interroge : «Qu'est-ce qu'ils préparent pour ce pays ?». Il rappelle que tout conflit se termine par un dialogue. Pour lui, la sortie de crise pour l'Algérie est une issue matérialisée dans la tenue de l'élection présidentielle à condition qu'elle se déroule dans la transparence. «Que chacun ait son mot à dire et qu'on respecte les opinions des uns et des autres», dit-il. Saïd Mediouni Mokhtar est, d'ailleurs, convaincu que cette élection sera une chose de constructif pour l'avenir de ce pays. Il dit également, oui au dialogue avec des mesures d'apaisement. «Tous les gens qui aiment ce pays doivent penser à une sortie de crise sécurisée afin de construire un Etat fort pour les futures générations». Maintenant, ajoute-t-il, «ceux qui ne veulent ni dialogue, ni élections, c'est qu'ils ont d'autres agendas qui ne sont pas dans notre objectif en tant qu'Algériens. Qu'ils soient au moins sincères et nous disent ce qu'ils préservent pour ce pays ?». Mettant en garde contre le refus des élections, il assure que cela pourrait provoquer des dérapages. «Le mouvement populaire est en train de chercher le meilleur moyen pour que l'Algérie devienne un grand pays et que tout le monde y ait des chances. Il y a des manipulations qui expliquent certains dérapages. Au sein du Hirak, la radicalisation de certains groupes impose de faire très attention à ces dérapages», explique-t-il encore. Aujourd'hui poursuit-il, «il y a des attaques qui sont ciblées. Les objectifs sont clairs, c'est d'attaquer l'institution qui est restée la plus forte et qui a sécurisé ce pays».Considérant l'élection présidentielle comme un impératif de sécurité nationale, il précise que l'idéal, c'est de trouver un président qui va servir ce peuple et non pas qui va se servir de ce peuple, et qui va aimer ce pays. «Ces deux critères qui font que le prochain président sera celui qui représentera un peuple qui a été à l'origine du 22 février». Toutefois, il souhaite que ce mouvement populaire reste mobilisé parce que, explique-t-il «les élections ne sont pas une fin en soi. Les grands chantiers c'est après l'élection présidentielle» avant d'ajouter : «Nous avons des lois qui ne sont pas correctes, des lois qui sont anti-peuple et qui ont été votées à l'unanimité sans passer par un référendum, une constitution qui entre les mains de n'importe quel président, est dangereuse. Il y a des textes que seul un Président élu pourra modifier ou mettre au vote par référendum au peuple algérien. Les chantiers sont énormes pour le futur d'où le souhait de voir ce mouvement populaire sain, aimant son pays se structurer et rester mobilisé pour la continuité de cette révolution». L'expert et analyste politique plaide également pour la séparation des pouvoirs : exécutif, judiciaire et législatif. «Il faudrait que les trois pouvoirs soient là tous les trois à se contrôler les uns, les autres», dit-il avant de conclure que c'est aux Algériens et aux urnes d'exclure les gens de l'ancien système. Ry. N.