De Tunis, Mohamed Kettou Youcef Chahed ne fera pas partie du prochain gouvernement, des rencontres, à longueur de journée, du chef du gouvernement désigné, Habib Jomli avec des dizaines de représentants de partis politiques, d'organisations nationales, d'associations de la société civile ou même de particuliers qui n'ont aucun lien partisan. L'objectif, pour Jomli est d'associer le maximum de personnes à l'élaboration d'un plan d'action qu'il ne possède pas. D'ailleurs, certains refusent un portefeuille ministériel et l'ont fait savoir à leur hôte. Le grand chanteur Lotfi Bouchnak l'a annoncé précisant que son intérêt est axé sur sa musique. Dans le même sillage, on relève le refus du parti Qalb Tounès (2e à l'Assemblée) qui se range, déjà, dans le camp de l'opposition. Seule Abir Moussi (PDL) a brillé par son absence et n'est pas associée aux consultations puisqu'elle tourne le dos au président de la République et, surtout, au président du Parlement avec lequel elle avait engagé une guerre bien avant les élections. Maintenant que Rached Ghannouchi est élevé au perchoir, la guerre semble avoir un nouveau tournant, comme il l'a constaté lors de l'ouverture de la nouvelle législature. Cependant, le chef du gouvernement désigné semble confiant. Dans une déclaration à la presse, il affirme que les concertations avancent à pas sûrs, sans préciser si elles portent sur un programme ou sur les personnes ministrables. Parallèlement, la scène politique a perdu deux personnalités de premier plan. Il s'agit du député Abdelfattah Mourou, vice-président du Parlement sortant et figure légendaire du parti islamiste qui a annoncé son retrait de la politique, juste après son échec à la récente élection présidentielle. Le second qui a créé la surprise par son retrait est l'ancien président de la République (2012-2014), Moncef Marzouki. Dans une lettre sur sa page Facebook, il a affirmé son retrait définitif de la scène politique. Serait-il déçu par le score peu reluisant qu'il a obtenu à la présidentielle où il a été classé 12e sur les 26 candidats du premier tour ? Il ne le dit pas, mais les observateurs estiment qu'il n'a plus d'avenir politique. D'autant plus que, comme il l'a lui-même constaté, le parti qu'il a créé le soir de sa défaite face à Beji Caïd Essebsi en 2014 (parti Al-Irada) n'a pas eu la place qu'il souhaitait en Tunisie. En définitive, et comme le relèvent les observateurs, le chef du gouvernement désigné, qui se dit indépendant, poursuit ses tâtonnements. Il lui reste moins de 20 jours pour présenter son gouvernement au Parlement. Arrivera-t-il à temps et constituera-t-il son équipe contre la volonté du parti Ennahdha qui l'a choisi pour diriger le gouvernement ? C'est la question que se posent tous les observateurs. M. K.