Près de vingt-quatre millions d'Algériens inscrits officiellement sur le fichier électoral sont appelés à trancher sur l'identité de celui, parmi cinq postulants en lice, qui devra succéder à Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays. Sur celui également qui sera appelé à gérer les conséquences désastreuses d'un règne sans partage de deux décennies ayant débouché sur une crise politique qui a failli avoir raison de l'Etat national lui-même. Kamel Amarni - Alger (Le Soir)-Une conception monarchique du pouvoir que Bouteflika fera subir au pays au point d'oser prétendre à un cinquième mandat, au mépris du bon sens, de la nature et du sort même de tout un pays et de tout un peuple qui, toutefois, et à la surprise générale, étonnera le monde entier, par un soulèvement d'une exceptionnelle unanimité, à travers toute l'Algérie et partout ailleurs où se trouve la diaspora nationale, pour faire face à cette provocation de trop. A partir du 22 février, des marées humaines «tsunamiques» ébranleront le régime Bouteflika, et dans une sorte de référendum grandeur nature, l'Algérie réservera un niet catégorique, astronomique, et donc sans appel, à ce projet de cinquième mandat, mais aussi au prolongement, officiellement envisagé et proposé publiquement par Bouteflika, fin mars, lorsqu'il décidait d'annuler la présidentielle du 18 avril. C'était à cette même période d'ailleurs que l'armée montera au créneau pour appeler à l'application de l'article 102 de la Constitution qui prévoit, la solution à ce cas de figure, en l'occurrence le constat, par les voies légales, de la vacance du pouvoir, puis l'organisation d'une élection présidentielle. Ce qui sera fait. Du moins, s'agissant de la constatation de la vacance du pouvoir et la démission de Bouteflika le 2 avril, à la suite de la fameuse réunion de l'état-major de l'ANP, le jour même. Quant à l'élection, elle sera, certes, convoquée, mais n'aura pas lieu à la date convenue, le 4 juillet et ce, faute de candidats ! Dès lors, les autorités intérimaires du pays annonceront, à travers un discours du chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah, une série de mesures en vue de réunir des conditions autrement plus favorables à la tenue d'élections régulières. Ce qui donnera lieu à la création du panel de personnalités devant mener le dialogue, lequel dialogue débouchera, à son tour, à deux importantes réformes, à savoir la révision du code électoral et la création de l'Autorité nationale indépendante des élections, l'Anie. Cette dernière, pour rappel, se substitue, depuis sa création, au gouvernement dans tout ce qui a trait à l'organisation des élections. En amont et en aval. Ces mesures constitueront un vrai tournant avec, notamment, l'émergence d'un courant favorable à la tenue d'élection présidentielle dans les meilleurs délais pour mettre fin à la vacance de pouvoir. Et, surtout, pour faire éviter au pays des scénarios franchement suicidaires, que ne peuvent être «les transitions» proposées par certaines parties. Ou, pire encore, des «processus constituants» qui suggèrent la mise à plat intégrale de la Constitution, des lois et de l'ensemble des institutions du pays, autrement dit, le chaos, tout simplement ! Il s'agit d'ailleurs, là, de l'enjeu principal, cardinal de cette élection historique de ce jeudi 12 décembre. Un enjeu qui prime sur toute autre considération, s'agissant, en effet, de garantir la pérennité de l'Etat avec l'élection d'un président de la République, pierre angulaire de tout l'édifice institutionnel. Lourde tâche qui sera confiée à l'un des cinq candidats ayant réussi à surmonter toutes les embûches, notamment la collecte des parrainages nécessaires et l'animation d'une campagne électorale dans un contexte extrêmement difficile. Les anciens chefs de gouvernement, Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune, les deux anciens ministres, Azzedine Mihoubi et Abdelkader Bengrina, et le président du front El Moustaqbal, Abdelaziz Bélaïd, sont ainsi, aujourd'hui, face à leur destin mais surtout à l'arbitrage suprême, ultime et décisif du peuple algérien. K. A.