Le 43e vendredi de mobilisation populaire contre le système politique, le premier qui a suivi l'élection présidentielle du 12 décembre, a été marqué par de grandes manifestations dans plusieurs wilayas du pays. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le nouveau chef de l'Etat qui succédera au très contesté Abdelkader Bensalah n'aura pas la tâche facile dans une Algérie qui continue de vibrer au rythme d'un puissant mouvement populaire depuis le 22 février. Hier, au 43e vendredi de contestation, le premier qui a suivi l'élection présidentielle du 12 décembre qui a consacré la victoire de l'ancien Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, une impressionnante mobilisation a été enregistrée à Alger. Les manifestants, qui ont convergé de toutes parts vers le centre-ville, emplissant boulevards et ruelles, ont dénoncé «une élection de la honte», refusant de reconnaître le nouveau chef de l'Etat. Trois vagues de manifestants ont convergé vers le centre-ville. La première est descendue des hauteurs de la rue Didouche-Mourad alors que la deuxième est venue de l'est, les quartiers Belcourt, El-Harrach, Hussein-Dey… La vague la plus impressionnante est partie de Bab-el-Oued pour submerger le centre de la capitale, quadrillé par un imposant dispositif sécuritaire. Les manifestants rejettent l'élection, s'en prenant aux tenants du pouvoir et à Tebboune.» Déterminés à poursuivre le mouvement populaire jusqu'au bout, les manifestants ont crié leur colère contre «la farce électorale» de jeudi, ne comprenant pas comment une mobilisation historique contre le cinquième mandat et ses partisans puisse aboutir à une élection organisée par les partisans du cinquième mandat pour élire un promoteur du même cinquième mandat. Ils s'en sont pris à la police, condamnant la répression des manifestations de jeudi durant lesquelles plusieurs blessés ont été enregistrés et plusieurs personnes ont été arrêtées. Les manifestants ont rendu un vibrant hommage à la Kabylie, notamment les wilayas de Tizi-Ouzou et de Béjaïa où le taux de participation était de zéro pour cent. Brandissant une banderole géante composée de 48 drapeaux algériens, chacun portant l'immatriculation et le nom de la wilaya, les manifestants ont insisté sur l'unité nationale, en lançant des slogans contre le régionalisme. Ils ont appelé à l'instauration d'un Etat civil et exigé la libération des détenus du mouvement populaire, qualifiés d'«otages» du système. Des portraits de plusieurs de ces détenus, notamment Lakhdar Bouregaâ et Karim Tabbou, ont été arborés. K. A.