Le mouvement populaire contre le système politique bouclera demain le dixième mois depuis son déclenchement le 22 février dernier. Hier, à l'occasion du 44e vendredi de contestation, la deuxième depuis l'élection présidentielle du 12 décembre, la mobilisation était toujours au rendez-vous. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - C'est un vendredi de confirmation pour un mouvement qui se relève après le rendez-vous du 12 décembre. Une forte mobilisation populaire a eu lieu, hier, dans la capitale, à l'occasion du 44e acte depuis le déclenchement du mouvement populaire et le deuxième après l'élection d'Abdelmadjid Tebboune à la tête de l'Etat, jeudi 12 décembre. Le test a été relevé avec succès à Alger où les citoyens sont sortis massivement contester l'élection de Tebboune et exprimer leur rejet de dialogue «avec les bandes» en exigeant le départ du système en place. Les manifestants, qui ont pris d'assaut les principales rues du centre-ville depuis le début de la matinée, ont lancé des slogans à l'encontre des tenants du pouvoir, contestant la légitimité du nouveau chef de l'Etat et déclinant son offre de dialogue faite lors de sa conférence de presse après l'annonce de sa victoire par l'autorité électorale. «On n'a pas voté et nous n'avons pas de Président», ont lancé des manifestants à tue-tête, réitérant la revendication principale du mouvement populaire, à savoir la rupture avec le système politique. Pour les manifestants, représentant toutes les franges de la société, hommes, femmes, jeunes, vieux, étudiants, chômeurs… «Abdelmadjid Tebboune n'a pas été élu par le peuple mais désigné par les militaires». Arborant les portraits des dirigeants de la Révolution algérienne et des héros de la guerre de Libération, à l'image d'Amirouche Aït Hamouda, Hassiba Ben Bouali et Abane Ramdane, ils ont exprimé leur rejet de tout dialogue ou de concertation avec le nouveau locataire d'El-Mouradia. «Ni dialogue, ni concertation, le départ est obligatoire», ont-ils scandé tout au long de la manifestation. Comme chaque vendredi, les citoyens ont arboré le drapeau national, exhibant des banderoles et portant des pancartes où sont inscrites leurs revendications. Des dizaines de manifestants ont porté les portraits des détenus d'opinion exigeant leur libération. Celui de Karim Tabbou, dont la demande de libération provisoire sera examinée ce mercredi par la cour d'Alger, est le plus présent. En se mobilisant avec force, les manifestants font preuve de détermination et d'engagement pour aller au bout de cette révolution pacifique et unique qui ne s'essouffle pas. Les images montrant des marées humaines envahir les principales rues de la capitale, Hassiba-Ben-Bouali, Didouche-Mourad, place Audin, la Grande-Poste sont spectaculaires. A partir des balcons des immeubles, des habitants immortalisent ces scènes et suivent avec admiration les processions humaines et les cris en faveur du changement radical. K. A.