En attendant de connaître la constitution de l'ensemble de la nouvelle équipe gouvernementale, les Algériens ont commencé par apprécier la nomination d'Abdelaziz Djerad comme Premier ministre et le lendemain, la désignation de Mohand Oussaïd Bélaïd comme ministre conseiller à l'Information et porte-parole de la présidence de la République. Quand Abdelmadjid Tebboune promettait des «surprises» en annonçant déjà des ministres qui n'ont pas encore atteint la trentaine, cela avait quand même suscité de l'intérêt. Il y a d'abord cette curiosité «traditionnelle» qui, quoi qu'on dise, elle est toujours là. De tout temps, et ça n'a pas l'air de s'arrêter, l'identité d'un Président, les conditions dans lesquelles est advenue son accession à la fonction présidentielle et son niveau de légitimité n'y peuvent rien. Les Algériens sont intéressés, attentifs ou simplement curieux de connaître le nouveau Président même quand ils… savent. Ils guettent donc avec une égale impatience la «suite» même si dans la même posture et le même mouvement, ils s'empressent de préciser qu'ils n'en attendent rien ou pas grand-chose. Ils sont impatients et curieux d'autant plus que les choses ne se passent pas vraiment «comme d'habitude». La situation générale dans le pays étant au point où elle est, la certitude que tout se passera comme avant et le scepticisme traditionnel quant à la possibilité de «changement» n'y ont rien pu. On attend donc le nouveau gouvernement, surtout que, formellement du moins, Abdelmadjid Teboune avait déjà mis un peu d'eau dans la bouche du citoyen. Les «vous serez surpris» et «les ministres de 25 et 26 ans», c'est quand même quelque chose à voir ! Et dans la nomination de M. Djerad, il y a certainement de la surprise. Pas forcément le changement qu'on pouvait attendre, puisque son pan de parcours dans les hautes institutions de l'Etat et son lien organique avec le FLN ne pouvaient pas passer inaperçus, comme par ailleurs ses compétences et sa rectitude morale que personne n'a jusque-là contestées. Puis, il y a Mohand Oussaïd Bélaïd. Surprise aussi. L'homme a 73 ans, ancien journaliste qui n'a connu que la presse unique, directeur d'Echaâb, ambassadeur et ministre de l'Information du gouvernement Sellal, ce n'est pas vraiment l'expression de la nouveauté. La veille de sa nomination, la présidence de la République a rendu public un communiqué dont le contenu et la forme ont… surpris tout le monde. Rédigé «à l'ancienne», un tantinet menaçant, ce n'est pas vraiment le genre de littérature qui augure une nouvelle ère dans la communication officielle. Du coup, on se demande si le nouveau ministre-conseiller et porte-parole de la présidence a été choisi pour rectifier le tir ou confirmer l'option communicative déjà annoncée. On en saura peut-être plus une fois connue la constitution de l'ensemble du gouvernement. Jusque-là, il n'y a que la surprise. En attendant la nouveauté, on peut toujours rester dans la certitude. Ou le scepticisme. S. L.