Pour la première fois en Algérie, un ministère délégué a été créé pour gérer exclusivement les affaires de l'industrie pharmaceutique. Et c'est le président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, Lotfi Benbahmed, qui a été désigné comme ministre délégué. La mission de ce pharmacien ne sera pas facile, puisqu'il doit gérer un volet très sensible et compliqué. L'industrie pharmaceutique, même si elle est l'une des industries les plus réglementées et qui compte le plus important taux d'intégration en Algérie ( plus de 80%), baigne dans de nombreux problèmes et les opérateurs sont soumis à différents blocages. Le nouveau ministre délégué devra se confronter au récurrent problème de la rupture des médicaments. Un problème qui ne trouve pas de solutions en dépit des nombreuses mesures annoncées, sans toutefois être appliquées, par les nombreux ministres qui se sont succédé à la tête du ministère de la Santé. D'autant que Benbahmed arrive comme ministre délégué à l'industrie pharmaceutique au moment où le secteur risque de connaître une crise importante de disponibilité de médicaments, en raison du retard accusé dans la signature des programmes prévisionnels d'importation de médicaments dans les temps. Le ministère de la Santé, qui vit visiblement dans l'obsession de réduire à tout prix la facture d'importation des produits pharmaceutiques, délivre les programmes d'importation au compte-goutte. La lenteur de la délivrance des décisions d'enregistrement des médicaments bloque aussi les opérateurs et impacte la disponibilité des produits. Reste à savoir, cependant, si la direction de la pharmacie, l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, ou encore la Pharmacie centrale des hôpitaux, actuellement sous la tutelle du ministère de la Santé, seront-ils mis sous la responsabilité du ministre délégué à l'industrie pharmaceutique ? Dans ce cas, le ministre délégué à l'industrie pharmaceutique devra accélérer les projets de la mise en place d'une réglementation pour les médicaments biosimilaires, censés réduire de 25 à 35% les dépenses de la PCH en médicaments et la disponibilité des thérapies innovantes. A souligner que Lotfi Benbahmed maîtrise déjà tous les volets liés à ce domaine, notamment concernant le volet de la réglementation, la distribution et la régulation, puisqu'il est, entre autres, l'un des acteurs de la commission de veille sur la disponibilité des médicaments et de la commission chargée de la préparation des textes réglementaires de la nouvelle loi sanitaire. Reste à savoir si le nouveau ministre délégué aura toutes les prérogatives pour mettre à exécution ses projets et mettre à niveau l'industrie pharmaceutique ? S. A.