Encore une fois, des milliers de personnes ont battu le pavé hier à Bouira, à l'occasion du 46e vendredi du Hirak. Et comme pour se montrer à la page par rapport aux derniers événements survenus sur la scène politique nationale, les manifestants qui ont scandé longuement à travers les rues de la ville de Bouira le nom de Lakhdar Bouregaâ qui venait d'être libéré la veille, ont également réclamé, lors de cette marche, la libération des autres détenus comme Karim Tabbou, Fodhil Boumala, Samir Benlarbi et Fersaoui Abdelouahab. Les manifestants qui étaient plus que jamais mobilisés, ont brandi des pancartes et des banderoles sur lesquelles ils ont rappelé le caractère pacifique du Hirak, mais également le refus de certaines figures du nouveau gouvernement. En effet, beaucoup de manifestants ont dénoncé la présence de certains ministres intimement liés à l'ancien système, soit à travers des slogans, soit à travers des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «On ne peut pas faire du neuf avec du vieux» ou encore «Non au changement dans la continuité» et «Le peuple n'est pas crédule pour croire aux mystifications et manigances employées par le système pour se pérenniser». C'est dire que la composante du gouvernement de Abdelaziz Djerad, dont le personnage avait inspiré un moment une certaine confiance, a vraiment pris un sale coup avec la nomination , ou disons-le , la reconduction de plusieurs noms de ministres connus pour avoir exercé durant le règne de Bouteflika , ou récemment dans le gouvernement contesté de Bedoui. C'est dire que le président Abdelmadjid Tebboune, quand bien même il jouit d'une large marge de manoeuvre concernant les chantiers annoncés, comme celui de la révision de la Constitution et son intention d'engagement d'un large débat avec les acteurs politiques du pays dont les partis de l'opposition et les activistes du Hirak, aura du pain sur la planche pour rétablir la confiance entre le peuple et l'Etat, symbolisé justement par ce personnel politique qui se recycle et dont le Président n'arrive apparemment pas à s'en départir. Rappelons que durant la matinée, une réception a été organisée au niveau de la place des Martyrs pour les détenus du Hirak natifs de la wilaya de Bouira, à l'instar de Karim Boutata, Nabil Aloune, Aissous Massinissa, et une minute de silence a été observée à la mémoire de Mohamed Khider, cette autre figure historique de la révolution algérienne qui a été assassinée le 3 janvier 1967 à Madrid en Espagne. Y. Y.