Les manifestants ont exigé la libération des autres figures du hirak encore en détention, en l'occurrence Karim Tabbou, Fodil Boumala et Abdelouahab Fersaoui. Au lendemain de l'annonce de la formation du gouvernement et de la libération de 76 détenus d'opinion, les Algérois sont sortis en masse pour le 46e vendredi pour apporter leur réponse, en manifestant leur attachement à la poursuite de la mobilisation jusqu'à l'instauration d'un Etat civil. Une véritable marée humaine a convergé vers Alger-Centre, où les marcheurs ont réitéré leur attachement à la revendication de l'instauration d'un Etat civil, en appelant, notamment, à écouter le testament d'Abane Ramdane. "Nous sommes les enfants d'Amirouche, nous ne ferons pas marche arrière", ont-ils clamé dans ce sens, par fidélité au sermon des chouhada. Ils ont également rendu un vibrant hommage à une autre figure de la Révolution, Mohamed Khider, dont c'est l'anniversaire de l'assassinat (le 3 janvier 1967 à Madrid), qu'il ont ressuscité en portant ses photos mais aussi une pancarte sur laquelle était portée une de ses célèbres citations : "Ne tuez pas vos lions, sinon les chiens de vos ennemis vous mordront." Au lendemain de leur libération, les anciens détenus présents à la marche, Raïs Raouf et Messaoud Leftissi, ont été accueillis en héros par les manifestants qui leur ont rendu hommage. Ils ont été portés en triomphe par la foule qui a scandé "Algérie libre et démocratique" sur l'air de la fameuse chanson Bella ciao. Le nom du moudjahid Lakhdar Bouregâa a été longuement ovationné malgré son absence. Aussi, des voix se sont également élevées pour la libération des autres figures du hirak encore en détention, de Karim Tabbou, de Fodil Boumala et d'Abdelouahab Fersaoui. 12h, les premiers carrés de manifestants ont commencé à se former. Et, à mesure que le temps passait, la foule continuait à grossir avec des flots provenant des quartiers de la périphérie, notamment de Bab El-Oued. 15h30, la masse compacte de manifestants, qui continuait d'affluer vers le centre d'Alger, délivrait des messages en faveur de l'unité nationale, en brandissant des drapeaux — fixés les uns aux autres — portant les noms des 48 wilayas du pays dont le déploiement a constitué le clou de la manifestation. "Les Algériens sont frères, peuple uni, espèce de traîtres", a été scandé en chœur. Quadrillées par un dispositif d'éléments antiémeutes, les principales artères d'Alger-Centre ont résonné sous les scansions hostiles au chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, à qui il a été signifié le rejet de son offre de dialogue. Les manifestants ont aussi stigmatisé les baltaguia du régime, coupables d'avoir violenté les hirakistes. "Ils ont ramené des voyous pour nous faire peur, ici c'est Alger et non Le Caire", ont crié les manifestants qui ont lancé une prophétie : "Si l'année 2019 a été marquée par la mobilisation et le défi, celle de 2020 sera celle de la victoire."