Le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique envisage de donner un nouveau souffle à l'Université algérienne. Outre la réhabilitation des enseignants, il compte faire de la recherche scientifique un moyen de fabrication des outils et instruments pédagogiques. Rym Nasri — Alger (Le Soir) - Le problème de la qualité de l'université algérienne n'est pas simplement de la responsabilité des pouvoirs publics, il est aussi de la responsabilité des enseignants, estime le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Chems-Eddine Chitour. Selon lui, le niveau de l'université algérienne doit être selon les critères internationaux. Il note, à cet effet, l'absence d'une visibilité intellectuelle et scientifique d'où, dit-il, la nécessité d'un changement à l'intérieur de l'université algérienne. Intervenant lors de l'installation des membres de la Conférence nationale des établissements publics à caractère scientifique et technologique tenue, hier, au siège de son département, à Alger, le Pr Chitour a insisté sur le rôle de l'enseignant. «Nous allons rendre son honneur à l'enseignant parce que c'est lui le gardien du temple. L'administration est au service de l'enseignant et le recteur est au service de l'enseignant. Ce n'est pas l'enseignant qui est au service du recteur. En tant que ministre, je suis au service des plus humbles des enseignants. Ce sont eux qui sont en première ligne avec les étudiants et je vais leur donner tous les moyens», souligne-t-il. Le ministre de l'Enseignement supérieur envisage ainsi de mettre en place deux gestions au sein de l'université. «La gestion administrative par le recteur qui veille à une bonne gestion de l'université et la gestion scientifique par le Conseil scientifique dont la responsabilité éthique et morale est de rendre le niveau scientifique de plus en plus performant», explique-t-il. Pour lui, la rigueur et l'éthique sont de mise afin de donner une nouvelle image à l'université algérienne. «Il faut que l'enseignant universitaire soit respecté socialement mais il faut que nous mettions de l'ordre dans l'université», ajoute-t-il. S'agissant de la recherche scientifique, le Pr Chitour adhère à la recherche théorique mais insiste sur le concret sur le terrain. Il cite, à cet effet, l'initiative du professeur Aoureg pour la mise en place de la conférence des directeurs de recherche qui, dit-il, «est en droite ligne de ce que nous attendons de la recherche». Il rappelle que l'Algérie compte, aujourd'hui, 58 universités qui doivent justement mériter ce titre. «Nous devons donner une nouvelle vision à l'université algérienne et nous pouvons le faire d'autant que nous n'avons pas le choix.» Il évoque ainsi l'idée de valoriser les projets de fin d'études des étudiants. «Chaque année, il y a 350 000 diplômés. Si nous arrivons à mettre 20% de ces mémoires de fin d'études sous la gouverne des chercheurs, nous pourrons fabriquer nos outils en tant qu'universitaires. Nous n'avons plus les moyens d'importer, il faut donc fabriquer, copier, adapter, et créer nous-mêmes nos propres équipements», dit-il. Selon lui, l'autonomie de l'université en produits chimiques est fort possible d'autant que l'Algérie possède cinquante produits chimiques bruts. Il prévoit ainsi, dès l'année prochaine, le premier produit chimique in situ. «Nous allons diminuer notre dépendance de l'importation notamment pour les produits chimiques et biologiques qui coûtent dans les 200 à 300 millions de dinars», assure-t-il. Pour lui, faire de la recherche sur des projets structurants n'exclut pas de penser à fabriquer ces outils et instruments pédagogiques. Le Pr Chems-Eddine Chitour note, par ailleurs, un problème de visibilité en termes de publications scientifiques. «Il faut que ça change. Nous avons l'intention à ce que l'université algérienne ait entre 5 et 6 revues au top», dit-il encore. Ry. N.