Salah Goudjil semble bel et bien avoir gagné sa bataille engagée avec ses détracteurs qui récusent sa volonté de demeurer, même à titre intérimaire, à la tête du Conseil de la Nation. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Le vieux maquisard de 90 ans vient, en effet, de bénéficier d'un soutien de poids, celui des deux groupes parlementaires sur les trois que compte la Chambre haute du Parlement, à savoir ceux du FLN et du RND. Un duo du pouvoir qui met à profit cette crise pour se mettre au-devant de la scène, contraint, comme ses pairs de l'ex-allégeance, à faire profil bas, vilipendés qu'ils sont par le mouvement populaire du 22 février dernier qui ne cesse de réclamer leur mise à l'écart. Dans un communiqué rendu public, avant-hier jeudi, le groupe parlementaire du FLN au Sénat a tenu à saluer «les efforts déployés par le moudjahid Salah Goudjil, président du Conseil de la Nation par intérim, pour assurer la pérennité et la stabilité du Conseil dans les moments difficiles que l'Algérie a récemment traversés». Et de réitérer son engagement à continuer à œuvrer et travailler avec M. Goudjil, «en prévision des prochaines et importantes échéances nationales , notamment celles relatives au plan d'action du gouvernement et du projet de révision de la Constitution», lit-on dans le communiqué. Le même argumentaire est avancé par le groupe parlementaire du RND qui, via un similaire communiqué rendu public le même jour, a exprimé «son soutien au président du Conseil de la Nation par intérim, le moudjahid Salah Goudjil, d'autant que, explique-t-il, l'Algérie s'apprête à connaître d'importantes échéances politiques dans lesquelles le Conseil aura un rôle à jouer, notamment le débat du plan d'action du gouvernement et l'examen de textes juridiques dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles». Et aux deux groupes parlementaires de soutenir et suivre avec «grand intérêt» les efforts du président de la République, Abdelmadjid Tebboune,visant à «répondre aux aspirations des citoyens pour construire une Algérie nouvelle, forte et unifiée». Il faut rappeler que Salah Goudjil, en sa qualité de doyen des sénateurs, assure depuis début avril dernier, l'intérim à la tête du Conseil de la Nation après que Abdelkader Bensalah, le titulaire du poste, eut été promu chef de l'Etat par intérim suite au départ forcé de l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sous la pression populaire. Un double intérim qui devait prendre fin à la faveur de l'élection, le 12 décembre dernier, de Abdelmadjid Tebboune comme président de la République. Mais voilà que Bensalah, attendu pour reprendre son poste à la tête de la Chambre haute du Parlement, décide de rentrer chez lui, lui qui ne voudrait certainement pas «rétrograder» après avoir été à la tête du pays, même à titre intérimaire neuf mois durant. Ce qui a suscité de l'appétit chez Goudjil, visiblement intéressé de poursuivre, même à 90 ans et à titre intérimaire, sa mission à la tête du Sénat. Un appétit perceptible même chez bien d'autres membres du Conseil qui s'en sont alors remis au président de la République, criant à la violation, par le vieux maquisard, du règlement régissant le fonctionnement de cette Chambre parlementaire. Un bras de fer de courte durée puisque, dit-on, après avoir rencontré le chef de l'Etat qui lui a signifié son quitus pour la poursuite de sa mission intérimaire, Bensalah vient de bénéficier du soutien des deux groupes parlementaires sur les trois que compte le Conseil de la Nation. Encore que dans le troisième groupe du Sénat, celui du tiers présidentiel, émargent beaucoup de membres au sein du duo FLN-RND.Reste à savoir si cette « reconduction » de Goudjil est définitive ou seulement conjoncturelle et que dicterait la proximité d'importantes échéances qui attendent le Sénat, notamment le débat sur le plan d'action du gouvernement. M. K.