Après l'APN éclaboussée par l'épisode Bouhadja, le Conseil de la nation voit son image ternie par la décision de Goudjil de prolonger son intérim au mépris du règlement intérieur de la Chambre haute du Parlement. La décision non réglementaire de Salah Goudjil, président par intérim du Conseil de la nation, de rester au perchoir du Sénat trouve caution et appui auprès des groupes parlementaires du FLN et du RND. Ces derniers, en agissant de la sorte, consentent à la violation du règlement intérieur du Sénat qui stipule qu'un président devrait être désigné en plénière deux semaines après la constatation de la vacance du poste du président. Ce qui est le cas avec la démission d'Abdelkader Bensalah. Les représentants du FLN et du RND au Conseil de la nation se sont ainsi opposés à l'élection d'un nouveau président et ont décidé de maintenir Salah Goudjil au perchoir. Les sénateurs du tandem FLN-RND considèrent qu'un éventuel vote d'un nouveau président pourrait "déstabiliser" l'institution. Dans un communiqué rendu public hier, des sénateurs de l'ex-parti unique ont exprimé leur "totale et entière disponibilité à s'inscrire dans le cours normal des travaux du Conseil de la nation" et saluent, à l'occasion, "les efforts déployés par le moudjahid Salah Goudjil (…), pour assurer la pérennité et la stabilité du Conseil dans les moments difficiles que l'Algérie a récemment traversés". Les rédacteurs du communiqué ajoutent, par ailleurs, qu'ils réitèrent leur "engagement à continuer à œuvrer et à travailler avec le moudjahid Salah Goudjil en prévision des prochaines et importantes échéances nationales, notamment, celles relatives au plan d'action du gouvernement et du projet de la révision de la Constitution". Dans son communiqué, calqué sur celui du FLN, le groupe parlementaire du RND a repris les mêmes arguments pour défendre le choix du maintien de Goudjil. On y lit que ce choix est dicté par "l'importance de la phase" que traverse le pays, avec "les réformes politiques, que le Conseil assumera prochainement, telles que la préparation du débat du plan d'action du gouvernement et la poursuite de l'étude des textes de lois qui lui ont été transmis dans le cadre de ses attributions". Cette sortie des sénateurs du FLN et du RND risque de provoquer une crise interne au sein du Conseil de la nation, identique à celle qu'avait traversée la même institution au début des années 2000 avec Bachir Boumaza, mais surtout à la crise à l'APN, l'an dernier, avec le coup de force d'un groupe de députés qui avaient imposé Mouad Bouchareb à la place de Saïd Bouhadja. Il faut noter à ce propos que le maintien de Goudjil à la présidence du Conseil de la nation pouvait être soumis à un vote des sénateurs en plénière, sauf qu'il a choisi de passer outre le règlement intérieur régissant les activités et le fonctionnement de cette institution pour s'imposer. Le procédé choisi pour se maintenir semble confirmer que le président par intérim du Conseil de la nation n'est pas tout à fait rassuré sur ses chances de rester à la tête de l'institution en cas de vote. Autrement ses soutiens auraient mis les formes pour le garder à travers un vote en plénière. À cela s'ajoutent les arguments avancés par les soutiens de Goudjil pour justifier son éventuel maintien. Evoquer une "déstabilisation" de l'institution à l'approche de l'examen du plan d'action du gouvernement et "du projet de la révision constitutionnelle" sonne plutôt comme un appel du pied au chef de l'Etat pour agir dans le sens du maintien du statu quo.