La semaine a été pénible. Les Algériens auraient pu… s'amuser un peu avec ce procès de Kamel El Bouchi. Non seulement les Algériens adorent les procès mais, en plus, celui-ci est vraiment spécial. Il est énorme, spectaculaire, politique, prometteur, fantasmagorique, fantasmatique et plein d'autres choses non encore répertoriées dans le registre des croustillances judiciaires. Il est tellement… complet que ce procès nous rappelle les années cinéma de notre enfance où on disait d'un film «fih koulchi» pour le recommander aux copains qui ne l'ont pas encore vu. Mais voilà, le procès n'a pas eu lieu, il est reporté au 26 de ce mois. Les Algériens sont déçus mais ils ont quand même appris quelque chose : il y a un protocole dans « l'extraction » des prisonniers et leur acheminement vers les tribunaux. C'est donc parce que cette procédure n'a pas été respectée que le procès a été renvoyé. On va attendre, le jeu en vaut vraiment la chandelle, surtout quand on aime ça. La semaine a été pénible. C'est toujours inquiétant quand ceux qui sont censés se battre contre un système reproduisent ses réflexes, ses méthodes et parfois ses discours. C'est donc au nom d'un idéal de démocratie et de liberté qu'on vient de s'en prendre, une fois encore, à l'écrivain et journaliste Kamel Daoud. Après l'avoir traîné dans la boue pour avoir exprimé un avis, voilà qu'à ce titre, on veut lui interdire la présence dans un espace de promotion de la création ! Il n'y a pas un mot un peu plus inquiétant que… l'inquiétude ? La semaine a été pénible. 150 millions de dollars déposés par l'Etat algérien dans la Banque centrale tunisienne pour aider nos voisins de l'Est à dépasser leurs difficultés de conjoncture et voilà la tempête. Bien sûr, il faut relativiser tout ça parce qu'à bien y regarder, ce n'est qu'une infime minorité d'Algériens qui s'est exprimée sur la question dans des termes parfois insupportables. Mais ça fait tout de même mal, très mal de découvrir que les vertus de solidarité et de générosité tiennent à un fil fragile. Tellement fragile, qu'il a suffi d'un rien pour que les grandes valeurs s'étiolent. Trop dure, celle-là. La semaine a été pénible. Les ressortissants d'origine maghrébine et l'ensemble des Français viennent de « découvrir » que 7 entreprises de leur pays, parmi elles des plus prestigieuses comme Renault et Air France, pratiquent la discrimination à l'embauche. Ainsi, le taux de succès est estimé à 12,5% pour les candidats « de souche » contre 9,3% pour ceux dont le nom a une consonance nord-africaine. Ces discriminations ne sont pas nouvelles ? Peut-être mais elles ont maintenant un nom et des proportions précis. Et puis, c'est le gouvernement qui a commandé l'enquête, ce qui ne manque vraiment pas de sens. S. L.