Un vendredi pas comme les autres. L'acte 51 à Bouira a été marqué hier et, pour une fois, par l'apparition de dizaines de banderoles à connotation politique et revendicative. Sur l'une d'elles, on pouvait largement lire en arabe le résumé de ce que demande le peuple, via le Hirak. Le peuple veut : «Une presse libre, la séparation des pouvoirs, le rétablissement de la souveraineté de l'Etat, la libération des détenus d'opinion et une justice libre.» Le peuple s'engage : «Nous n'avons aucune prétention politique, nous n'appartenons à aucun courant politique.» Notre objectif : L'édification d'un Etat fort tel que rêvé par nos valeureux martyrs.» Plusieurs autres banderoles et autres pancartes ont été brandies lors de ce 51e vendredi par des milliers de citoyens de tous âges et des deux sexes, qui ont arpenté l'itinéraire habituel en scandant plusieurs slogans hostiles au pouvoir coupable, selon les marcheurs, d'avoir pris en otage le pays en refusant au peuple cette transition démocratique tant souhaitée avec, au final, une Constitution consensuelle, loin des méthodes que, malheureusement, l'actuel locataire d'El Mouradia est en train de suivre en commandant une Constitution qui sera confectionnée dans les laboratoires du pouvoir, pour être soumise, au final, au peuple mais celle-ci n'aura aucune légitimité et tout le monde le sait. De telles méthodes de révision de la Constitution ont été adoptées par le passé et chaque Président qui arrive la triture à sa convenance. Aussi, hier, les marcheurs ont dénoncé toutes ces méthodes, y compris, bien sûr, le recours au gaz de schiste comme souhaité par le Président. Mais les pancartes sur lesquelles sont écrits et illustrés par des images les dégâts occasionnés sur des enfants dans la région de Reggane dans le sud du pays, suite aux essais nucléaires de la France coloniale durant les années 1950 et début des années 1960, étaient là pour rappeler ce que pourra causer la pollution de l'environnement avec l'extraction du gaz de schiste. Enfin et comme chaque vendredi, les détenus du Hirak, Boumala, Tabbou, Djihad, le jeune hirakiste d'El-Harrach, l'étudiante Nour El Houda de Tlemcen, Fersaoui, Nekkaz... sont autant de détenus dont les portraits sont hissés par les marcheurs et pour qui ils revendiquent la libération immédiate, en ironisant sur les milliers de graciés de la semaine passée. Cela étant, hier à Bouira, tous les marcheurs ne juraient que par la poursuite du combat qui sera de longue haleine mais qu'ils sont prêts pour résister le temps qu'il faudra, dans un cadre pacifique, jusqu'à ce que les véritables tenants du pouvoir se rendent compte que le peuple a finalement raison et que seule une Constitution émanant des profondeurs de ce peuple pourra créer cette symbiose tant voulue par… tout le monde d'ailleurs. Y. Y.