Les citoyens continuent de résister à toutes les tentatives visant l'étouffement du hirak, tels sont les propos de plusieurs marcheurs interrogés, hier, à Tizi Ouzou, lors de la marche du 49e vendredi de protestation pour départ du système. «Rien ne pourra ébranler la détermination de ceux qui croient encore en le mouvement populaire», nous ont confié des marcheurs, qui estiment que la mobilisation doit continuer car, selon eux, rien n'est encore acquis si ce n'est, ont-ils martelé, le changement d'une partie du système par une autre. «C'est la compromission entre clans, sinon, comment peut-on expliquer que des personnes qui étaient de farouches opposants au système en place sont actuellement dans le sérail. C'est la fin de leur mission au sein du mouvement ?» s'interrogent-ils tout en mettant l'accent sur la composante du gouvernement et la stratégie du pouvoir qui vise, précisent-ils, à soudoyer les gens avec des postes de responsabilité. Les milliers de personnes qui ont ainsi battu le pavé dans la capitale du Djurdjura ont, en outre, stigmatisé les décideurs et leurs «nouvelles recrues», tout en plaidant pour «une Algérie meilleure et pour une démocratie majeure», comme l'a, d'ailleurs, chanté Matoub Lounès dont les portraits étaient fièrement et savamment arborés par la foule, qui a tenu à marquer l'anniversaire de la naissance de ce chantre assassiné par les forces du mal, le 25 juin 1998. «Ceux qui ont tué Lounès sont ceux qui ont assassiné l'espoir des Algériens. Les assassins de ce barde de la chanson kabyle et leurs commanditaires doivent être jugés. Le pouvoir a mis aux oubliettes l'affaire Matoub à travers un simulacre de procès», clame un marcheur, qui portait une pancarte sur laquelle on pouvait lire «Regard sur l'histoire d'un pays damné». La foule, répartie en plusieurs carrés, a scandé des slogans hostiles au pouvoir, comme elle a également mis en avant des étendards sur lesquels sont mentionnés les mots d'ordre du mouvement populaire qui réclame, depuis le 22 février dernier, un changement, pur et simple, de tous les symboles du régime : «Halte à l'exploitation du gaz de schiste. C'est la ruine du pays», «La légitimité ne s'achète pas, elle se mérite», «A ceux qui ont les mains pleines de sang, à ceux qui ont pris la part du lion dans le pétrole, sortez des coulisses», «Notre cri n'est pas un son à faire entendre, c'est un rêve à faire réaliser», «La voie d'un lendemain meilleur. 49e vendredi, le peuple est debout. Il est toujours dans la rue pour continuer à réclamer sa liberté et son indépendance confisquées». Des manifestants ont également brandi des banderoles à travers lesquelles ils remettent sur le tapis l'importance de l'élection d'une Assemblée constituante souveraine. L'exigence de la libération des prisonniers du hirak qui croupissent toujours dans les geôles du pouvoir est réitérée par les marcheurs qui portaient, notamment, les portraits de Karim Tabbou et de Fodil Boumala, en scandant, à gorge déployée, «Libérez les détenus, libérez l'Algérie !» Dans un autre carré, des marcheurs, dont des militants du PT, ont également brandi des pancartes appelant à la libération de Louisa Hanoune qui est en détention à la prison militaire de Blida. La foule a ainsi parcouru l'itinéraire habituel dans un climat de fraternité et de solidarité. D'ailleurs, il y avait même des femmes qui offraient du couscous aux marcheurs. Ces derniers ont tenu à réaffirmer que «La résistance des authentiques continue !»