Le procès en appel du dossier automobile s'ouvrira ce matin au niveau de la cour d'Alger au quartier des Annassers. Deux anciens chefs de gouvernement et deux ex-ministres de l'Industrie comparaîtront à nouveau aux côtés d'hommes d'affaires. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Il s'agit de Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, et de plusieurs concessionnaires automobiles, Mohamed Baïri, Ahmed Mazouz, Hassan Arbaoui. Ali Haddad avait également comparu dans le cadre de cette affaire. Les anciens ministres ont écopé de lourdes peines. Ouyahia a été condamné à quinze années de prison et Sellal à douze ans. Les deux ex-responsables de l'industrie ont été, quant à eux, condamnés à six ans de prison. Des peines allant de sept à trois ans de prison ont été prononcées à l'encontre des hommes d'affaires. D'autres peines d'emprisonnement, respectivement cinq et trois ans, ont été également prononcées à l'encontre de l'ex-wali de Boumerdès, Nouria Yamina Zerhouni, et du fils d'Abdelmalek Sellal, Farès. L'ex-ministre des Travaux publics Abdelghani Zâalane, contre lequel le procureur avait requis dix ans, a été, quant à lui, acquitté. Poursuivi pour avoir pris part au financement occulte de la campagne pour le cinquième mandat, celui-ci s'était alors défendu en insistant sur la courte période passée à la tête de la direction de campagne mise en place pour la préparation de l'évènement. Le procès en appel est l'aboutissement d'une procédure d'appel introduite par les avocats, sur demande de leurs clients à la recherche d'une nouvelle chance. Dans le cas présent, aucune spéculation ou pronostic n'a été émis par les avocats parmi lesquels plusieurs sortent d'ailleurs à peine du gros procès qui s'est déroulé dimanche et lundi au tribunal militaire de Blida. Ces affaires sont jugées très délicates. Deux communiqués publiés à l'occasion des dernières grâces présidentielles ont éloigné toute possibilité de changement dans le cours des dossiers liés à la corruption et à la dilapidation des deniers publics. Les textes rendus publics en font clairement état. Les ministres et concessionnaires automobiles qui comparaîtront aujourd'hui sont inculpés pour ces faits majeurs. Lors du premier procès, toutes les stratégies de défense mises en place par les prévenus et leurs défenseurs n'ont en rien influé sur un tribunal qui s'en est tenu à des faits résultant d'enquêtes judiciaires menées pendant de longs mois. Hormis les avantages accordés aux hommes d'affaires, les prévenus ont été confrontés à un juge qui les a acculés en énonçant le montant de leurs comptes en banque, pour certains, des biens immobiliers et nombre de voitures luxueuses pour d'autres. Le procureur de la République a été, de son côté, très ferme, très dur, à l'encontre de ces anciens hauts responsables. Dans son réquisitoire, il a fait à plusieurs reprises état d'un manque de «morale et d'honnêteté». Les mis en cause sont apparus dans un état peu reluisant. L'un des hommes d'affaires présents, Mohamed Baïri, responsable du groupe IVAL, a même eu une crise de nerfs en constatant l'absence de ses avocats. A la lecture du verdict, Abdelmalek Sellal a laissé transparaître l'image d'un homme effondré. Il avait juré devant la cour n'avoir eu aucune emprise sur les évènements qui se sont déroulés au moment où il était en fonction. Ce procès est celui durant lequel hommes d'affaires, anciens ministres de l'Industrie et ex-chefs de gouvernement se sont aussi souvent renvoyé la balle, accusés mutuellement au sujet de directives transmises ou de lettres non reçues. Le procès de ce mercredi s'ouvrira cependant loin de la grande tension qui avait régné la première fois. Des citoyens désireux d'assister à l'audience avaient envahi le tribunal de Sidi-M'hamed, rendant la situation incontrôlable. Le juge avait dû ajourner l'évènement de quarante-huit heures afin de permettre la prise de mesures adéquates. A. C.