Le plan d'action du gouvernement a été adopté, avant-hier jeudi en début de soirée, à la majorité par les membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) ,à l'issue de trois jours de débats ayant été caractérisés par le «souci» renouvelé maintes fois des nombreux intervenants, quant aux moyens de financement d'un programme qui manquait, à leurs yeux, d'objectifs, de mécanismes, de mise en œuvre et de délais de concrétisation. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Ce qui n'a pas empêché, néanmoins, ces députés d'adopter ledit texte, à l'issue d'une séance à laquelle ont manqué les députés du duo FFS-RCD qui ont boycotté les débats, mais également ceux du MSP qui se sont abstenus. Peu avant, le Premier ministre a eu à répondre aux interrogations et autres réserves soulevées par les députés, nombreux à intervenir lors des débats qui ont débuté mardi dernier. Dont, notamment, la confiance du citoyen à l'endroit des institutions du pays que le Premier ministre s'est engagé à recouvrer à travers, selon lui, «la réhabilitation des valeurs humaines perdues, la consécration de la culture de l'abnégation dans le travail, la reddition de comptes et la promotion des libertés». Mais pas que cela, puisqu'«il s'agira également de mettre en place des mesures rigoureuses à l'encontre des coupables de défaillances et de manipulation de la loi et du denier public». Pour Djerad, cette confiance «ne saurait être gagnée que par la bonne foi dans la concrétisation de la bonne gouvernance, d'une véritable réforme politique, sociale et économique, et du traitement des facteurs de l'ébranlement de cette confiance». Et de soutenir que son action est basée sur la «franchise» et la «vérité», loin de toute «fourberie et fausses promesses». Des financements extérieurs ne sont pas exclus En droite ligne donc de cette philosophie, le Premier ministre n'a pas exclu le recours à des financements extérieurs à long terme et à des conditions avantageuses pour financer les projets prévus dans le plan d'action de son équipe, source d'inquiétudes des parlementaires de la Chambre basse du Parlement. Une perspective à propos de laquelle Djerad a tenu, néanmoins, à rassurer, affirmant qu'elle «n'entamera en rien la souveraineté nationale». «Nous irons vers l'argent qui existe un peu partout dans le monde, sans toucher à notre souveraineté», a-t-il dit, fort à propos, citant en exemple les financements de la Banque africaine de développement (BAD) et des Fonds arabes d'investissements qui «donnent des prêts à très longs termes et avec des taux d'intérêts très faibles, qui ne touchent pas à notre souveraineté et ne remettent pas en cause les fondements de notre politique économique». Mais pas que l'éventuel recours au financement extérieur puisque Djerad parle de «nombreuses possibilités permettant de réunir beaucoup d'argent», évoquant des «niches de financements internes» qui peuvent être explorées à travers, expliquera-t-il encore, «les réformes des systèmes bureaucratiques, de la fiscalité et des banques». Ceci non sans omettre de citer une autre source de financement, le circuit informel qui contient, selon lui, des «centaines de milliards». Traitement «purement économique» du fléau du chômage Le Premier ministre fera également part d'une nouvelle approche «pour lutter contre le chômage, via un traitement purement économique du fléau», c'en est un, s'engageant, dans la foulée, à assurer «équité» et «qualité» dans la santé et l'éducation. Et de rassurer quant à la prise en charge des malades atteints du cancer et de la disponibilité des médicaments toutes classes confondues, affirmant, dans ce sens, que la récente déclaration du ministre de la Santé à propos des médicaments innovants destinés à la chimiothérapie, la thérapie ciblée et à l'immunothérapie, «a été sortie de son vrai contexte». Et de renouveler «l'engagement de l'Etat à assurer une disponibilité constante du médicament pour le cancer, à travers l'affectation de plus de 60 milliards de DA annuellement, destinés à assurer les médicaments et les moyens nécessaires au traitement du cancer». Il reconnaît la complexité du rapatriement des fonds détournés Le Premier ministre a également évoqué la question soulevée maintes fois par des députés, celle ayant trait à la récupération d'avoirs et d'autres biens illégaux liés à la corruption. Pour Djerad, «la Convention des Nations-Unies contre la corruption, ratifiée par l'Algérie, est l'instrument le plus approprié pour fonder l'action de l'Etat dans le recouvrement des avoirs issus des crimes de corruption». Ceci non sans avouer «la complexité» d'un tel processus et le temps nécessaire à sa concrétisation, se fiant, dans ce cadre, à «plusieurs expériences internationales en la matière». Il énumérera également trois conditions nécessaires, selon lui, au lancement du processus de confiscation et de restitution des biens et des avoirs détournés. Il s'agira d'abord de «prouver et de localiser les biens et avoirs provenant de la corruption». Ensuite, «fournir le jugement définitif» et «l'existence d'accords d'entraide judiciaire comme support pour l'accélération de ce processus». Il citera, enfin, l'article 54 de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption qui stipule que «nonobstant les dispositions du code de procédure pénale, l'action publique et les peines relatives aux infractions prévues par la présente loi sont imprescriptibles dans le cas où le produit du crime aurait été transféré en dehors du territoire national». M. K.