Les conséquences de l'épidémie mondiale de Covid-19 ne sont pas uniquement sanitaires. Le coronavirus a également grippé l'économie à travers le monde, comme en Algérie. Les secteurs touchés sont plus nombreux au fur et à mesure que le virus poursuit sa propagation dans les pays hors Chine et tant que le système de quarantaine est maintenu dans ce pays. Les craintes sur les retombées de cette pandémie sur notre pays s'accentuent jour après jour. Le souk «Dubaï» d'El-Eulma, dans la wilaya de Sétif, n'échappe pas à cette règle. Le grand bazar du pays est touché de plein fouet. Non concernés par les mesures de prévention ordonnées par le wali de Sétif afin de diminuer, voire endiguer, la propagation du coronavirus, comme la fermeture de tous les centres commerciaux, les parcs d'attractions, les complexes thermaux, les salles de sport, les piscines, les hammams, les musées, le site archéologique de Djemila et les marchés hebdomadaires de la wilaya de Sétif, les commerçants de cet important bazar, le plus actif et le plus attractif du pays, se sont résignés tout simplement à remballer leurs marchandises et à baisser leurs rideaux faute de négoce et en l'absence de visiteurs, notamment nos voisins tunisiens, après la fermeture des frontières terrestres. Un véritable pôle commercial El-Eulma est devenue la place emblématique du commerce transnational en Algérie. En une vingtaine d'années, ce qui était un petit marché de gros et demi-gros de la droguerie et de la quincaillerie s'est imposé comme le lieu incontournable de l'approvisionnement en biens domestiques et en petit outillage industriel de toute l'Algérie. Son souk «Dubaï» est la principale centralité commerciale de l'équipement de la personne et de la maison de tout le pays, attirant quotidiennement des milliers d'acheteurs. Son rayonnement touche aussi la Tunisie et la Libye. Aujourd'hui, près de 5 000 commerçants, spécialisés dans la vente de gros, demi-gros et de détail, y sont installés. Pour un grand nombre d'entre eux, il s'agit de commerçants importateurs et de grossistes faisant venir directement de Chine, mais aussi du Moyen-Orient et d'Europe, les produits qu'ils écoulent auprès d'une clientèle provenant de toute l'Algérie, ou qu'ils distribuent par le biais des commerçants spécialisés dans la couverture des marchés régionaux (Bir-el-Ater et Tadjenant pour l'Est, Aïn-el-Hadjel au Centre et Sidi Khettab à l'Ouest). Le souk «Dubaï» d'El-Eulma se présente comme une véritable grotte d'Ali Baba où l'on trouve de tout à des prix nettement plus bas. Le souk baisse le rideau La pandémie du virus corona, qui sévit actuellement en Chine et dans plusieurs pays du monde, fait planer beaucoup de menaces sur l'économie mondiale d'après de nombreux économistes. La Chine, véritable locomotive de l'économie mondiale, étant l'usine du monde, un ralentissement sévère de son économie, dû à cette épidémie, a eu des conséquences sur la santé de l'économie mondiale. À El-Eulma, nombre d'opérateurs importent une quantité considérable de leurs marchandises de l'empire du Milieu. Et ces derniers commencent déjà à ressentir les effets de cette situation sur leur business. Depuis quelques jours, ce bazar, qui a toujours drainé la foule, semble perdre, ces derniers temps, de son aura et les choses ont viré au gris pour les commerçants à cause de cette fameuse crise économique. Hier mercredi, vers 12h30, l'ambiance ne ressemblait en rien à ce que les habitués des lieux ont coutume de voir et de vivre. La plupart des magasins sont fermés. «La quasi-totalité de nos produits importés proviennent directement de Chine mais depuis l'avènement du virus, rien ne sort de Chine. Donc il est normal que certains opérateurs enregistrent des retards sur leurs délais d'approvisionnement habituels», témoigne Kamel, un importateur eulmi. En l'absence d'approvisionnement, les commerçants du souk ‘'Dubaï'' sont confrontés au manque de marchandises. Certains d'entre nous sont pratiquement en rupture de stock. Ajoutez à cela les mesures de prévention édictées par les autorités qui font que les clients ne se déplacent pas à El-Eulma. La fermeture des frontières algéro-tunisiennes a été le coup de massue pour notre activité vu que nos voisins tunisiens représentent une importante clientèle. Devant cette situation très préjudiciable financièrement, nous, commerçants du souk ‘'Dubaï'', avons décidé de fermer nos magasins jusqu'à ce que la situation s'améliore et que cette crise sanitaire disparaisse», déclarent certains commerçants. Imed Sellami